Faut-il durer pour compter? Pas sûr. En seulement trois ans d’existence (1978-1981), les Young Marble Giants ont marqué à jamais l’histoire. Flash-back avant leur concert événement au Factory Festival.

On dit souvent que les plus belles choses ont une fin. Elle est à coup sûr arrivée beaucoup trop tôt pour une armada de groupes laissant une marque indélébile sur l’industrie musicale. On pourrait parler du Velvet Underground, des Stooges, des New York Dolls, des Sex Pistols, ou plus récemment des Libertines. On évoquera ici le cas des Young Marble Giants partis sur la pointe des pieds en 1981. Un album, Colossal Youth, au compteur et trois ans à peine après leurs premiers pas.  » Nous sommes une réaction à tout ce qui rencontre du succès aujourd’hui« , déclarait Stuart Moxham en 1980. Les YMG n’en ont pas moins marqué les généra-tions à venir. De R.E.M. à Adam Green en passant par Saint Etienne, Belle and Sebastian, Nirvana, Etienne Daho et Dominique A.

Les Young Marble Giants naissent en 1978. Fuyant la débauche de bruit et d’énergie du punk, ils optent pour une voie minimaliste et anti-démonstrative. Composés des frères Moxham, Stuart et Philip, ainsi que de la petite amie de ce dernier, Alison Statton, les Gallois misent sur des comptines obscures, une voix naïve, des mélodies jouées aussi bas que possible et des textes dignes d’un poète du 19e siècle.  » Je suis né en 1955. J’ai été profondément marqué par les Beatles et les Stones puis par les années 70. Les meilleures de l’histoire de la musique même pour quelqu’un qui n’aimait pas le punk, explique Stuart Moxham, le cerveau du groupe. Il n’était pas facile d’imposer des chansons calmes après l’avènement d’un pareil courant. Surtout dans une ville industrielle comme Cardiff. Moins il y a d’éléments, plus l’attention est focalisée. Faire du bruit masque les erreurs. Le minimalisme n’est toutefois pas synonyme de danger à partir du moment où tu as confiance en toi.« Sorti en février 1980, période de l’après-punk et de la presque new wave, Colossal Youth est un peu la colonne vertébrale de la musique lo-fi. Le manifeste du do-it-yourself. Le symbole de l’enregistrement entre la cuisine et la chambre à coucher. On pourrait s’étonner qu’un groupe artisanal comme les Young Marble Giants aient eu recours à une drum machine plutôt qu’à un batteur.  » Les batteurs ont souvent un ego démesuré, commente Stuart. Ils veulent écrire des chansons plutôt qu’apporter à un morceau ce dont il a besoin. Une drum machine n’a pas d’ego. Elle fait ce qu’on lui dit. »

Mythe et idylle

Des ventes respectables, un public fanatique aux Etats-Unis… Les Young Marble Giants auraient sans doute pu devenir énormes. Mais Stuart supporte mal que l’attention se porte avant tout sur sa chanteuse alors qu’il écrit, compose, arrange, manage. Le trio finit donc par se séparer en même temps que s’achève la romance entre Philip et Alison.  » Je ne sais pas si un groupe est fait pour durer. Un groupe, c’est un peu comme un mariage. Certains s’éternisent, d’autres meurent. Tout est question d’amour, d’idylle. Sans idylle, on n’a pas envie de se lever le matin. Dans un sens, je pense que le fait de ne pas vivre vieux est favorable au succès. D’un côté, parce que disparaître rapidement ne laisse pas le temps de commettre des erreurs. De l’autre, parce que les gens aiment les histoires tristes. Qu’elles fassent l’objet d’un film, d’une chanson ou qu’elles bousculent une vie. Comme celle de James Dean. Oui, on peut parler de mythe… »

Si les Young Marble Giants joueront à Nivelles, le samedi 1er novembre, lors du Factory Festival ( voir encadré), c’est le résultat d’un long processus.  » En 2001, nous avons été contactés par Rough Trade pour donner un concert à l’occasion de ses 25 ans, explique Stuart. Le gig est tombé à l’eau mais nous avons envisagé, à partir de 2003, la possibilité de revenir. De réécrire des chansons. De sortir un nouvel album. » Assez rapidement, les Gallois ont écrit et interprété un nouveau morceau, Alright, pour une émission spéciale de la BBC radio.  » C’est la seule que nous avons eu le temps de pondre jusqu’ici. Le boulot, les obligations familiales nous en ont empêché. Nous n’avons d’ailleurs donné qu’une petite poignée de concerts. » Stuart a reçu des lettres d’encouragement, des mails réconfortants émanant de fans mais aussi de l’industrie. Des gens qui voulaient réé-diter Colossal Youth avant que Domino se manifeste et s’en charge. Le luxueux triple CD sera-t-il pour autant suivi d’un nouvel album?  » Nous avons, Phil et moi, des jobs alimentaires qui permettent de payer nos factures mais Alison a une carrière. La musique passe, avec pas mal d’autres choses, après son boulot et sa famille. Mon but est d’enregistrer trois titres et de les envoyer à des maisons de disques. De décrocher un contrat et de ne plus devoir bosser pour pouvoir me focaliser quelque temps sur le groupe. »

Colossal Youth, distribué par Domino.

www.myspace.com/youngmarblegiants

Texte Julien Broquet

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