AU SOMMET DES HIT-PARADES, LES PLACES SONT DE PLUS EN PLUS CHÈRES. COMMENT DÈS LORS MANOUVRER POUR SE FAIRE REMARQUER? CERTAINS SONT NOTABLEMENT DEVENUS EXPERTS DANS L’ART DU BUZZ. LA PREUVE PAR 9.

KID NOIZE, L’ART DU TEASING

Kid Noize, c’est le marketing à la tractopelle. Avant toute sortie médiatique, le duo belge mise tout sur un tube et un plan marketing en béton. Le groupe a compris beaucoup de choses pour faire parler de lui: We Walk Until Brooklyn est placé sur Pure FM, NRJ et Fun Radio et dès le départ, les infos ne sont données qu’au compte-goutte. Visages masqués, identité floue, on mise sur le mystère pour laisser les gens se faire leur propre idée… et raconter tout et n’importe quoi. Récemment en 1re partie de Stromae et bientôt de Faithless, on chuchote en coulisse un deal avec une major française pour Kid Noize. Suspense!

LADY GAGA, LE BUZZ PERMANENT

Certains choisissent le gimmick isolé. D’autres adoptent la technique du harcèlement. Cela fait plus de 2 ans maintenant que Lady Gaga occupe ainsi le terrain. Un jour, la diva pop porte une « robe » en jambon d’Ardennes, le lendemain elle annonce la création d’un parfum au sperme. Plus soft, elle défilait la semaine dernière pour Thierry Mugler à Paris. Pour l’accompagner, un nouveau morceau, Government Hooker, issu de son prochain album, prévu pour mai prochain. Un danger tout de même: à force d’en faire des tonnes, Lady Gaga n’est pas loin de créer l’overdose.

RADIOHEAD, LA DERNIÈRE MINUTE

Il y a sans doute des groupes qui n’ont pas besoin de buzz pour s’attirer des fans. Avec 7 albums studio plus réussis les uns que les autres, Radiohead avait tous les ingrédients en main pour faire parler facilement du petit dernier, The King of Limbs. Reste qu’ils ont préféré balader la presse et les fans dans une kyrielle de suppositions obscures. Plus d’album? Un album pour dans un an? Rien que des singles? Et pan! Sans annonce préalable, la bande à Thom Yorke balance tout le package en une semaine: clip décalé, album, package méga-collector et concept mystérieux de « newspaper album ». Et déjà un 2e volet annoncé pour bientôt. Encore une attrape?

KANYE WEST, LA FOLIE TWITTER

Autre partisan du buzz à rebondissements, Kanye West adore multiplier les angles: coups de gueule télévisés en direct, clips événements… Tout est bon pour faire parler la hype. Le rappeur s’est cependant fait une spécialité dans l’utilisation du site de microblogging Twitter. Ainsi, quand il a relancé son profil, l’été dernier, le compteur des abonnés s’est rapidement affolé. Mais son véritable coup de génie a été de ne s’abonner lui-même qu’à un seul compte, choisi au hasard: celui de Steve Holmes, étudiant anglais de Coventry, qui n’en demandait pas tant, placé du jour au lendemain au centre d’une attention médiatique inédite…

JUSTIN BIEBER, LA TACTIQUE YOUTUBE

C’est en zappant sur YouTube et en tombant sur une home vidéo du garçon que l’agent Scooter Braun découvre un jour Justin Bieber. Depuis, la teen idol n’a eu de cesse de passer par le site de partage de vidéos pour faire sa promo. Même signé sur une major, Bieber continuera encore longtemps à poster des reprises, filmées avec une simple caméra domestique. Une manière comme une autre de jouer sur la proximité. Ainsi, alors que les fans de Stefani Germanotta peinent à trouver des documents datant d’avant sa transformation en Lady Gaga, Bieber laisse toujours disponibles les premiers petits films postés par sa mère…

ARCADE FIRE, LE CLIP POUR NERDS

Avec le clip de We Used To Wait, les Canadiens frappent fort à 2 niveaux. D’une part sur le plan technologique, il s’agit du 1er clip réalisé avec Google Street View, de quoi se mettre la communauté geek dans la poche. D’autre part, clé pour le succès, la vidéo est 100 % personnalisable. Principe: entrez l’adresse de votre lieu d’enfance, et le clip s’adaptera en fonction. De quoi faire ressurgir les souvenirs de gamins et les associer à la chanson. Intéressant si les caméras de Google sont passées!

TOM JONES, LA FAUSSE RUMEUR

Parfois, une bonne polémique peut vous doper les ventes. Ou en tout cas éveiller l’attention. Pas sûr que grand monde attendait le nouvel album du vétéran Tom Jones. Paru l’été dernier, Praise & Blame tranchait pourtant assez avec sa production précédente que pour susciter l’intérêt. Mais on n’est jamais trop prudent. Ainsi, quelques jours avant sa sortie, un e-mail du vice-président d’Island Records, le label de Jones, « fuite » dans la presse. Le cadre parle d’une vraie « blague ». « Nous n’avons pas investi une fortune dans un artiste établi pour qu’il nous livre 12 morceaux tout droit sortis d’un livre de prières. » La promo par l’absurde?

THE STROKES, LA BLAGUE BIDON

Après 5 ans d’absence studio, les Strokes se remettent au turbin et promettent un album « pour bientôt ». Alors qu’on est encore dans le flou total en janvier dernier, Julian Casablancas balance sur son Twitter perso une cover digne d’une fresque pour mur de classe maternelle. Évidemment, la Twittosphère se met en branle immédiatement. Quelques semaines plus tard, les 5 New-Yorkais rassurent: vraie pochette (signée du Belge Guy Pouppez), extrait en téléchargement et clip… La rengaine classique!

HOOVERPHONIC, LA PRISE D’AÏKIDO

Que faire quand, comme Hooverphonic, vous perdez votre chanteuse historique? Deux solutions: soit faire le gros dos, et passer au chapitre suivant, en toute discrétion; soit, au contraire, jouer à fond sur le changement de personnel. Ou comment renverser une situation périlleuse et la transformer en vrai buzz. Juste avant la sortie de The Night Before, Hooverphonic balance ainsi un 1er clip, dans lequel apparaissent une quinzaine de chanteuses potentielles. Dont Noémie Wolfs, présentée finalement quelques jours plus tard, sur le plateau du plus gros late-show de la télé flamande. l

TEXTE KEVIN DOCHAIN ET LAURENT HOEBRECHTS

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