Aujourd’hui, pour trois fois rien ou presque, on peut créer une station radio sur Internet. Il y a désormais autant de webradios que d’envies…

Jetons un £il dans le rétroviseur. Quand le tube cathodique a envahi la planète, on a prédit la mort de la radio. Il n’en fut rien. Plus tard, quand Internet a tissé sa toile jusque dans les familles, on a annoncé l’extinction progressive des médias traditionnels. Là aussi, les prophéties se sont plantées. Le Net est aujourd’hui un auxiliaire de poids pour la télévision et la radio. Et même un support, pour cette dernière particulièrement. L’actualité récente l’a mis en lumière: les ressources hertziennes ne sont pas infinies, il faut donc en réglementer le partage. La Communauté française a dès lors demandé au CSA de couper le gâteau – qui, étroitesse du territoire belge oblige, est plutôt riquiqui -, et d’en distribuer les parts.

En revanche, sur le Web, le principe de rareté n’existe pas vraiment. Alors, les webradios prolifèrent, d’autant qu’elles demandent un investissement matériel et financier bien moindre que leurs cons£urs FM. En Belgique, bien entendu, où les exclus de la fête ont tôt fait de rebondir sur le Web (exemple: la radio-friterie El Boss, qui a rendu un dossier incomplet au CSA, diffuse désormais ses musettes sur www.radioelboss.be). Mais aussi ailleurs. Une webradio, c’est un programme de flux, disponible en streaming sur Internet (le principe inverse du podcast, qui implique le téléchargement du segment qu’on souhaite écouter). A écouter depuis son PC, donc via son iPhone ou sa radio Wifi.

D’Alzheimer à Lio

Elle a fait du chemin depuis 1995 – la préhistoire -, quand l’américaine Radio HK utilisait un logiciel d’audioconférence pour faire tourner en boucle un CD audio. Les années qui ont suivi, seuls quelques geeks persévérants réussissaient à créer une webradio dans ce qui était alors une vraie jungle de protocoles. Aujourd’hui, il existe des solutions plus simples pour créer une radio sur Internet. Simples mais pas toujours totalement indolores puisque selon l’association française des webradios, le budget de dépenses annuel moyen d’une telle station est d’environ 3 900 euros (bande passante, droits…).

Malgré tout, les webradios peuvent s’émanciper des principes marketing selon lesquels il faut s’adresser au plus grand nombre pour générer un maximum de revenus, et s’installer dans une niche. Comme la française Radio A (www.radioa.info), née le 1er mars dernier, consacrée uniquement à la maladie d’Alzheimer. Comme ces radios lancées sur le Net par des stations FM bien implantées: NRJ a par exemple les siennes, qui élargissent la palette de titres qu’elle diffuse sur antenne. Elle propose ainsi sur la Toile NRJ Love, NRJ Groove… Comme Bodink (du nom d’une pâtisserie bruxelloise à base de pain, d’£ufs, de sucre candi et de raisins de Corinthe) qui propose via www.bodink.com de réentendre la fine fleur de la variétoche made in Belgium, de Lio à Lou Deprijck, et qui fait chavirer les nostalgiques des années vinyles.

Depuis avril dernier, nouvelle étape, tout un chacun peut se créer sa webradio en quelques clics, gratuitement, grâce aux services de la société belge Radionomy (contraction de « radio » et d' »autonomy »). Via www.radionomy.com, 700 radios ont déjà vu le jour, et 12 000 utilisateurs sont actuellement en attente – les autorisations étant distillées au compte-gouttes, en fonction de la qualité du projet et de la nationalité de ceux qui le portent. Il faut dire que pour le moment, ces radios ne rapportent rien à la start-up.  » On doit d’abord développer notre audience avant de penser à la vendre, explique Gilles Bindels, CEO de Radionomy . En janvier 2009, normalement, on commencera à percevoir des revenus. » A ce moment-là, de la pub entrecoupera tous les programmes (des annonceurs comme Renault et Proximus ont déjà fait des tests) et rapportera de l’argent à l’entreprise et aux concepteurs des radios en fonction de leur audience.

Radionomy (qui vise particulièrement le marché hexagonal – 85 % des créa-teurs sont actuellement français) supporte tous les coûts, et met même à disposition de l’internaute une banque de jingles et de musiques, dans laquelle piocher pour monter sa radio. Y ajouter des reportages, du bla-bla… Le rappeur Ménélik a par exemple créé sa station via Radionomy (www.radionomy.com/bordelicious), tout comme des fans de poker (http://www.radionomy.com/tout-sur-le-pokercom.aspx) ou de Paul McCartney (www.radionomy.com/m-b-c-radio.aspx)…

Après les blogs, pour s’exprimer, se rencontrer, se montrer… les webradios?

Texte Myriam Leroy

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