Angoulême met la BD flamande à l’honneur ce weekend. Nous aussi. À travers Nix, auteur abrasif bien connu des lecteurs de Focus, qui publie aujourd’hui une intégrale bien barrée des aventures de ses jumelles Kinky et Cosy.

Le virus de la BD, Marnix Verduyn, alias Nix, le contracte tout jeune en puisant dans la bibliothèque familiale. Très vite, il confectionne ses propres magazines qu’il vend dans la cour de récré ( » Le mag était entièrement composé de fausses interviews et de caricatures de profs, j’utilisais des pseudonymes pour ne pas me faire ramasser« ), puis, quelques années plus tard, publie dans des journaux d’étudiants et des fanzines. Mais le véritable décollage se fera via le dessin de presse pour De Standaard et De Morgen ( » Une excellente école« ).

Aujourd’hui, le virus, hautement radioactif, contagieux comme pas possible, c’est lui. S’infiltrant dans les journaux, les librairies ou le petit écran ( Kinky & Cosy, version dessin animé, passe à un rythme hebdomadaire sur la VRT). Perçant du côté flamand comme francophone, trustant les prix en France, exposant à New York.

Ses personnages aussi se sentent trop à l’étroit dans leur case (il leur en manque d’ailleurs souvent une) et envahissent notre quotidien: Kinky et Cosy sont devenues les improbables mascottes du Commissariat des Droits de l’Enfant tandis qu’elles prêtent aussi leur nom à la Rue de la Bourse à Bruxelles.

Une grande affaire de contamination en somme, qui se poursuit avec son nouvel opus, intégrale luxueuse en forme d’objet unique dans lequel le fond ne cesse de parasiter la forme. Pour notre plus grand plaisir.

www.nix.be

1 Un parcours très… spatial

Alors qu’il dessine depuis la tendre enfance, Nix décide subitement de remiser ses crayons et entre chez Belgacom comme ingénieur civil.  » Je me suis dit qu’il fallait commencer un boulot plus respectable, plus normal. Enfin normal… Je travaillais au 25e étage près de la Gare du Nord, et quand je prenais l’ascenseur le matin je sentais la différence de pression dans mes oreilles. J’avais l’impression d’être lancé vers une autre planète. » Et puis un jour, coup du destin, De Standaard fait appel à ses services, suite à des dessins repérés dans un journal étudiant à Louvain. Enhardi, il contacte De Morgen. Une jolie mise en orbite: sa carrière sur la planète BD est lancée.

2 Auteur sous influence

 » On avait Astérix, Bob et Bobette et toutes ces séries dans la bibliothèque à la maison. Mais moi c’est surtout le Néron de Marc Sleen qui m’a influencé, avec sa famille dysfonctionnelle. J’en copiais le style quand j’avais six ans. » Nix ne suivra d’ailleurs jamais de cours. C’est ainsi par exemple qu’il observe attentivement les mains chez Gotlib pour apprendre à bien les dessiner. Kamagurka l’inspire également beaucoup.  » C’est vraiment l’auteur idéal pour éveiller une vocation parce que tu te dis: « c’est tellement simple que je peux le faire aussi. Mais ce n’est pas vrai du tout. » (rires)

3 Il est libre nix

Humour sadique, décalé, étrange ou trash… les £illères et le mors aux dents, il ne connaît pas. Il est libre Nix.  » Le jour où j’ai rencontré mon grand copain Johan De Moor, il m’a dit: « Toi, tu ne sais pas ce que tu fais! » » (rires). Ce qui est sûr c’est que la BD s’est tout de suite imposée à lui comme quelque chose de naturel.  » J’ai toujours été accro à ça. J’adore cette idée d’espace entre les cases et le saut qu’il implique. En tant qu’auteur ça te donne une grande liberté, tu peux sans cesse jouer avec l’imagination du lecteur« .

4 Famille nombreuse

Autour des deux jumelles Kinky et Cosy et de leurs parents gravite une galerie de personnages récurrents et hauts en couleur, comme le Docteur Scalpel, l’Agent Lex ou Mr. Deraedt. Entre autres.  » Un peu comme dans Néron, ces personnages sont apparus petit à petit. Une £uvre c’est quelque chose d’organique, ça grandit au fil du temps. » Pour Spirou, il développe le personnage de Billy Bob, le cow-boy.  » Je prends ça comme une détente, ça change, et puis je me donne la permission de faire des fautes avec lui. »

5 Inté… graal

A la mi-janvier est parue l’intégrale Kinky & Cosy, superbe objet dont la forme rencontre enfin le fond. Plus de 300 pages compilant tous les anciens strips mais augmentés de jeux, de cadeaux et de délires (entre parodies de roman photo et mise en scène de soi), le tout bai-gné d’un esprit acide et emballé dans une cover ludique au format à l’italienne.  » Pour Le Lombard, c’est le premier bouquin d’une ligne plus expérimentale. Ils m’ont dit: tu fais une BD qui n’est pas classique alors lâche-toi, invente quelque chose. Ils m’ont juste freiné pour le budget. J’aurais encore aimé mettre un dvd avec les dessins animés dedans, pour montrer que Kinky & Cosy, c’est vraiment un virus qui est en train de se répandre. Mais ce n’est que partie remise. »

6 Angoulême

 » Au début, on y allait en bus avec quelques copains. » Nix ne se doutait pas encore qu’entre le Festival d’Angoulême et lui allait naître une belle histoire d’amour. Il y expose en 2004 puis rafle le prix du meilleur album humoristique en 2006. Cette année, alors que le festival choisit de mettre la BD flamande à l’honneur, il s’y affichera avec Arno dont il illustrera le concert en direct.  » On a discuté d’une histoire avec Arno: l’idée c’est qu’il se fasse enlever pas des aliens qui mettent des sondes sur sa tête pour analyser son cerveau« .

Texte Nicolas Clément

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