Le Syndrome du golem

1982. Arnaud Vogel, 12 ans, rejoint l’institut Petr Ginz dans un lieu secret des montagnes suisses. Ayant grandi avec l’espéranto pour langue maternelle, l’adolescent entre dans une communauté unie par une fraternité de mots censée garantir la paix mondiale. Élevés au grand air sous la coupe des époux Eggenberger, éducateurs et prophètes, une vingtaine d’enfants triés sur le volet par le pouvoir écrasant de l’argent.  » On formait là une nouvelle Athènes, ou plutôt une nouvelle Sparte. Il était bien question d’endurcir ces gosses de riches en prévision de grands bouleversements à venir. » Débordant du roman d’initiation classique, le récit s’arc-boute alors au destin de Petr Ginz, Juif espérantiste tchèque dont le dessin de la Terre vue de la Lune est devenu le symbole de la Shoah, et plonge dans le journal qu’il tenait à Auschwitz. Puis le lecteur embarque dans les traces de deux géologues lors de la première expédition suisse en Himalaya en 1936… Bientôt les récits convergent vers le fleuve impétueux des légendes et des mythes. Entre Tibet interdit et cocon bourgeois d’un pays neutre endormi, King Kong de Cooper et Schoedsack et yéti du Valais, l’ouvrage interroge le refuge de l’imagination lorsqu’elle cherche à se prémunir contre la réalité. Communautarisme du numerus clausus, apartheid de classes, utopies exsangues: avec une belle envergure, Mikaël Hirsch dépiaute le splendide isolement auquel tout un chacun aspire.  » Il y avait une jouissance à se couper du monde, une ivresse de l’asphyxie. » Mystérieux et envoûtant.

De Mikaël Hirsch, éditions Le Dilettante, 224 pages.

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