Philippe Elhem
Philippe Elhem Journaliste jazz

PIERRE ANGULAIRE DE L’ART ENSEMBLE DE CHICAGO, ROSCOE MITCHELL NE SE RÉSUME PAS À CE SEUL ET MYTHIQUE GROUPE.

Roscoe Mitchell

« The Complete Remastered Recordings On Black Saint & Soul Note »

CAMJAZZ BXS 1036 (9 CD SET) (HARMONIA MUNDI)

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Né à Chicago en 1940, Roscoe Mitchell apprend la clarinette dès l’enfance. Sous l’influence de son frère aîné, il commence à jouer à l’âge de 12 ans du saxophone alto, son instrument de référence à ce jour, même s’il est, comme presque tous les saxophonistes de sa génération, un multi-instrumentiste accompli à l’aise avec la majeure partie des saxophones, des clarinettes et des flûtes. A son retour du service militaire passé en Allemagne où il a joué avec Albert Ayler, il intègre la formation du Wilson College Band où il a pour partenaire Henry Threadgill, Joseph Jarman, Anthony Braxton et Malachi Favor. Devenu l’élève du pianiste et pédagogue Muhal Richard Abrams, il fait ses débuts professionnels en 1961 à ses côtés au sein de l’Experimental Band. Alors que son mentor vient de fonder la désormais mythique AACM (Association For The Advancement of Creative Musicians), une coopérative de musiciens dont il devient membre, le saxophoniste crée son premier groupe, le Roscoe Mitchell Ensemble, où l’on trouve Lester Bowie (trompette), Joseph Jarman (saxophones), Malachi Favor (contrebasse) et Philip Wilson (batterie), qui deviendra l’Art Ensemble puis, pendant son séjour parisien (1969-1971), l’Art Ensemble of Chicago, formation qui symbolisera pendant quatre décennies la Great Black Music à travers le monde. Même si aucun enregistrement n’en témoigne, Roscoe jouera aussi, entre 1966 et 1967, avec John Coltrane.

Sur les neuf CD de ce coffret, deux appartiennent aux oeuvres (splendides) de Georges Lewis, (Shadowgraph 5 (sextet) (1977) et Muhal Richard Abrams (Spihumonesty) (1979). Captés live, deux duos le voient partager la scène avec Abrams dans duets et solos (1990) et Borah Bergman avec The Italian Concert (1994/1995), pour une opposition de styles passionnante entre les deux pianistes. Les cinq albums sous son nom introduisent une nouvelle génération de musiciens à la seule exception de The Flow of Things où l’on retrouve le pianiste vétéran Jodie Christian, le bassiste de l’Art Ensemble, Malachi Favor, et le batteur Steve McCall (tous trois disparus depuis). L’album, enregistré live, est sans concession et, à travers sa nature liquide que traduit parfaitement son titre, voit le saxophoniste jouer trois des quatre pièces en respiration circulaire. Les trois autres ont en commun la même section rythmique (Jaribu Shaid, basse, et Tani Tabal, batterie) quel que soit le nom du groupe -The Sound Ensemble, The Sound And Space Ensemble ou The Note Factory. Sous cette dernière appellation, il nous offre un formidable hommage prémonitoire au batteur décédé trois ans plus tard avec This Dance is for Steve McCall (1987), alors que les trois derniers, 3×4 Eye (1981), The Sound And Space (1983) et Live At The Knitting Factory, témoignent de l’influence de la musique savante européenne sur l’oeuvre de Roscoe Mitchell. Incontournable!

PHILIPPE ELHEM

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