Le Sang des pierres

Jeanne, enseignante habitée par Virginia Woolf, a pris ses enfants sous le bras pour se blottir à Mansonville le jour où son ex-compagnon l’a quittée. Dans cette histoire qu’elle adresse à cet homme désormais en désamour, elle lui rappelle ces hémorragies utérines qui la rendaient vulnérable au point de faire appel à ses bras pour l’aider à traverser cet épisode épineux, malgré leur séparation. Entre confrontation clinique au monde médical, insertion d’ustensiles obstétriques dans sa chair quand son désir est lui au point mort, la narratrice subit les cahots de tout organisme qui dysfonctionne de la cime au pouls. Prenant appui sur une expérience vécue, Le Sang des pierres, fragmenté, lave en contrepoint poétique la colère et l’incompréhension de Jeanne dans les eaux de Cape Cod, et lève le voile sur ces zones poreuses où, en tant que femme, maintenir l’aplomb malgré la violence est héroïque. Au sortir de la lecture, on aimerait compatir avec toutes celles qui ont le chagrin qui se répand douloureusement dans et hors du corps. Et si notre coeur, strié de caillots, est désormais un peu plus lourd, on n’en suivra pas moins avec attention les prochains sillons sensibles de Lucille Ryckebusch.

De Lucille Ryckebusch, éditions Le Quartanier, 136 pages.

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