Le Roman de Godard

Publié initialement sous le titre En attendant Godard, et bénéficiant aujourd’hui d’une réédition bienvenue, l’essai que consacrait en 1967 l’écrivain et cinéaste Michel Vianey (1930-2008) à Jean-Luc Godard compte parmi les textes les plus originaux jamais écrits sur l’auteur de Pierrot le fou. Journaliste à l’Express, Vianey avait été envoyé en 1963 à Capri pour couvrir le tournage du Mépris –une expérience qu’il évoque ici succinctement. Deux ans plus tard, le voilà invité sur celui de Masculin féminin, dont cet ouvrage constitue en quelque sorte le journal, écrit avec la complicité active de JLG, rebaptisé Edmond pour le coup, un cadre dont il déborde à l’occasion. Plus qu’un récit linéaire, il y a ici une succession d’impressions, glanées au fil des jours, au contact des acteurs -Marlène Jobert, Jean-Pierre Léaud, tout à sa fébrilité, ou Chantal Goya- et techniciens -le directeur de la photographie Willy Kurant, en particulier. De confidences, aussi, celles que Godard, en pleine fièvre créatrice -il enquille trois films cette année-là-, livre à demi-mot, tandis que sa Boyard se consume dans un cendrier, ou celles d’Anna Karina, quatre ans de vie commune, et une rupture qui hante le propos. Vianey a le sens de l’observation aiguisé, le trait souvent audacieux, l’écriture élégamment moderne, ce Roman de Godard comme écrit sur le vif adoptant par endroits la forme d’un stimulant collage exécuté en toute liberté. Jean-Luc Godard aura apprécié, dont ce témoignage livre par ailleurs le portrait à la fois familier et mystérieux, en restituant dans un même mouvement les incertitudes, l’intranquillité et la fulgurance comme le caractère insaisissable.

De Michel Vianey, éditions Marest, 188 pages.

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