Très vite, le genre a trouvé sa place sur le grand écran. Pour le meilleur et pour le pire…

Quel est le meilleur film hip hop de l’histoire du cinéma? Scarface, bien évidemment! Une boutade? Pas forcément. Plus d’un rappeur avouera l’influence du film de mafia sur l’univers hip hop. Cela en dit surtout long sur les rapports entre cinéma et rap, genre musical qui, plus que tout autre, fonctionne avec des images. Nombre de rappeurs sont ainsi passés devant la caméra: Will Smith en est le parfait exemple. Mais aussi la plus belle exception – hormis des cas comme Mos Def, voire Queen Latifah ou Ice T, rares sont ceux qui ont su dépasser le syndrome du « rappeur acteur »: d’Ice Cube à Tupac, en passant par Snoop Dogg (le coco s’étant par ailleurs lancé lui-même dans la production de films… X – on ne se refait pas).

En fait, très vite, le hip hop passe le cap du grand écran. Les couleurs criardes des graffitis, les acrobaties des breakers, les prouesses des DJ’s, le décor d’un New York en lambeaux…: le hip hop est forcément cinégénique. Cela donne Wild Style en 1983, docufiction dans lequel on retrouve de nombreuses stars du mouvement: Grandmaster Flash, le Rocksteady Crew, Fab 5 Freddy… A peine plus romancé, Beat Street suit l’année d’après, avant Krush Groove qui retrace les débuts du label phare Def Jam (avec Run DMC, LL Cool J, Beastie Boys…).

Fight the power!

Changement de registre quelques années plus tard. En 89, Spike Lee sort Do The Right Thing. Le film décrit une journée caniculaire à Brooklyn, se terminant en émeute. Martelé par 18 fois tout au long du film, Fight The Power, du groupe Public Enemy. Après la fraîcheur et l’enthousiasme des débuts, c’est la contestation qui prend le dessus. Une décennie de »reaganisme » a fait des ravages. En 91, un automobiliste noir, Rodney King, se fait tabasser par la police. Un an plus tard, un premier jugement acquitte les policiers impliqués: les ghettos de Los Angeles s’embrasent. Des quartiers délaissés par le pouvoir politique, gangrénés par le crack, et pourris par une guerre des gangs sanglante. C’est ce que raconte le gangsta rap de groupes comme NWA. C’est ce que montrent aussi des films comme New Jack City (1991), Boyz n the Hood (1991), Menace II Society (1993)…

Et aujourd’hui? La donne a forcément encore évolué. De mouvement culturel marginal, le rap est devenu un genre dominant, pesant son lot de dollars dans l’industrie de l’entertainment US. Et du coup, le cinéma de mettre moins en avant la culture hip hop que certains de ses destins individuels. C’est aussi la mode du biopic qui veut ça, de 8 Mile, racontant l’ascension de (et avec) Eminem, à Notorious. En attendant forcément celui consacré à Tupac Shakur, le Kurt Cobain du rap…

L.H.

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