Le Pays des ombres
Dans le chaudron de Dakar, Tristan Jordis retrouve son ami Mansour, rencontré il y a seize ans dans l’univers des toxicomanes parisiens Porte de la Chapelle (voir Crack, son premier livre). Après une peine de prison pour homicide involontaire, un élan spirituel a ramené Mansour parmi les siens, où il travaille la terre jusqu’à dix heures par jour. La brousse à perte de vue, Tristan cherche quant à lui à faire taire sa “voix d’Occidental impatient”. Ici, l’hospitalité règne en maître, avec ce “sentiment diffus de gratitude dont on s’explique difficilement l’origine”. Mais déjà, d’autres mystères commencent à infuser… Comme le narrateur s’élance sur les traces d’un marabout, on serpente d’abord à tâtons dans le troisième roman de Tristan Jordis -dont la trame semble pétrie d’une certaine “élasticité”. Outre leurs souvenirs, les deux hommes partagent récitations de poèmes mystiques, histoire du Qor’ân et philosophent sur le destin. Les flash-back âpres sur les abysses de la toxicomanie côtoient de longues discussions sur les rites ancestraux. Gagné par un certain envoûtement, le lecteur s’initie à un voyage où le rapport au sacré est à la base du fonctionnement social. Autour de l’arbre à palabres, magie noire et féticheurs ondulent aux confins de l’invisible. Labyrinthique.
De Tristan Jordis, éditions Stock, 378 pages.
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