Le Grand Bleu

Blind Willie McTell (1898-1959) basait son blues sur le ragtime, utilisant une technique syncopée. Ici, en novembre 1940, lors d'une session d'enregistrement de John Lomax dans une chambre d'Atlanta.

 » Muddy était un jeune homme vigoureux de 26 ans. Ses pommettes saillantes et ses paupières qui tombaient laissaient entrevoir un regard impassible. (…) Grâce à son tripot, il parvenait à dégager des profits qui, quoique modestes, étaient néanmoins garantis. (…) Muddy ne disait mot mais, depuis qu’il était à peine adolescent, il avait toujours voulu faire un disque. » Le « bou(s)eux » en question -traduction littérale de Muddy-, l’homme qui donna leur nom aux Rolling Stones via l’un de ses titres, positionne le musicien comme personnage central et emblématique de Deep Blues, la bible de plus de 400 pages du journaliste et écrivain américain Robert Palmer (1945-1997), parue en langue anglaise en 1982. La traduction française est aujourd’hui publiée par la maison parisienne Allia.

Les chemins de Henry
Les chemins de Henry « Son » Sims (1890-1958) et de Muddy Waters (1913-1983) se sont plus d’une fois croisés, notamment lorsqu’Alan Lomax les enregistra pour la Library of Congress à l’été 1941. Un événement de portée historique.

Un regard à la hauteur de son titre: profondeur sensuelle d’analyse, biographies fouillées, manne de scènes comme quasi vécues dans la chaleur étouffante du Sud et d’anecdotes aussi humides que valides. L’ouvrage donne des visages et des couleurs aux intervenants, ces mecs -à 95% Noirs- ramenant dans leur sillon des rythmes brûlés sous la souffrance et l’antique ségrégation. D’où ce sentiment d’une enquête remarquable qui expose des artistes longtemps délaissés par la communauté blanche US. En tout cas, jusqu’à l’électricité du Chicago Blues des années 50. À nouveau avec Muddy Waters, loin d’être le seul héros d’une saga qui a l’élégance de s’accompagner de plusieurs centaines d’images aussi signifiantes que le brillant texte. L’ouvrage, pas loin d’être fondateur, ouvre aussi une fenêtre pour comprendre les enjeux de la saga musicale 2.1. Le rock et toutes ses arborescences.

Gertrude
Gertrude « Ma » Rainey (1886-1939) « était une artiste de spectacles de vaudeville qui chantait des minstrels songs et des chansons populaires avec une troupe noire itinérante, les Rabbit Foot Minstrels ».

Deep Blues, de Robert Palmer, éditions Allia, traduit de l’anglais (États-Unis) par Olivier Borre et Dario Rudy, 444 pages.

8

« Field hollers », prisonniers des pénitenciers du Sud, mis aux travaux forcés. Comme les esclaves, ils criaient des hollers, « langage musical hybride dans lequel s’exprimait la quintessence d’innombrables traditions vocales africaines ».
Big Bill Broonzy (1903-1958)
Big Bill Broonzy (1903-1958) « né dans le Mississippi, il a enregistré à Chicago, accompagné par un bassiste, un batteur, ainsi que par des trompettistes et des clarinettistes de jazz, dans un style urbain qui annonçait le rhythm and blues des années d’après-guerre ».
Le
Le « ring shout » -ici photographié en Géorgie dans les années 30- « ou ronde criée, était une danse sacrée noire au cours de laquelle les fidèles dansaient en cercle en tapant des mains et des pieds (…), un type de percussions à part entière ».
Le Grand Bleu

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content