Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

ENFANCE EN DANGER – LES FRÈRES DARDENNE ALLIENT LE SOBRE ET L’ÉMOUVANT DANS UN GAMIN AU VÉLO OÙ LEUR CINÉMA ÉVOLUE DISCRÈTEMENT… ET EN MUSIQUE!

DE LUC ET JEAN-PIERRE DARDENNE. AVEC CÉCILE DE FRANCE, THOMAS DORET, JÉRÉMIE RENIER. 1 H 24. DIST: TWIN PICS.

Il ne s’y plaît pas, Cyril, dans le foyer pour enfants en difficulté où il a été placé provisoirement. Il n’a de cesse de retrouver le père dont l’irresponsabilité l’a pourtant conduit là. Et qui a, de plus, vendu le vélo auquel le gamin de presque 12 ans tenait énormément. La rencontre impromptue d’une coiffeuse, croisée alors qu’il fuguait et se faisait reprendre, va donner un tour nouveau à son itinéraire d’enfant pas vraiment gâté. Samantha récupèrera son vélo et le lui ramènera au foyer. Elle acceptera ensuite d’accueillir Cyril durant les week-ends, et de l’accompagner chez un père qui ne semble toujours pas prêt à assumer son devoir de géniteur. La suite emmènera le jeune garçon vers des expériences parfois dangereuses, qui le verront frémir, fléchir mais aussi grandir… Thomas Doret joue le héros du film des Dardenne avec une immense justesse, et une présence caméra peu banale pour un interprète de son âge. Cécile de France est l’autre belle surprise du Gamin au vélo, toute de simplicité, de luminosité aussi, dans le rôle de Samantha, le bon Sama… ritain d’un récit qu’elle traverse, radieuse, au service de son jeune partenaire tout comme son personnage est au service de Cyril. Le père défaillant, c’est Jérémie Renier, poursuivant la singulière galerie de rôles chez les Dardenne entamée par La Promesse et poursuivie dans L’Enfant et Le Silence de Lorna. Un dernier film qui marquait le début d’une évolution dans le cinéma des frères liégeois…

Et vint la musique

Le Gamin au vélo confirme la progression du cinéma des Dardenne vers une ouverture plus manifeste à l’émotion. La rigueur qui caractérise leur approche n’a bien sûr pas disparu, mais leur souveraine maîtrise (fruit d’un travail acharné, souvent, avec multiplication des prises) semble de plus en plus perméable aux sentiments. Eux qui soignaient énormément la bande sonore de leurs films, mais se gardaient bien d’y mettre de la musique, s’autorisent cette fois quelques ponctuations musicales idéalement situées. Elles étreignent le c£ur, et nous rendent plus proche encore d’un jeune héros dont la présence nous hante bien après la fin, exemplairement ouverte. L’édition DVD propose un intéressant entretien avec Cécile de France, et des images documentaires du tournage à Seraing, avec les commentaires éclairants des frères.

LOUIS DANVERS

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content