Suite de la saga du rock à l’écran, petit ou grand. Après Robbie Williams au cinoche, on vous dit ce qu’il faut vraiment penser de This Is It, film tout pourri et pourtant réussi, avant de s’attaquer aux boots compensées de Bono sur YouTube…
Il a donc bien fallu aller le voir, ce fameux This Is It, making of de ce qui devait être l’ultime série de concerts de Michael Jackson. La conscience professionnelle, on appelle ça. Pas qu’on ait voulu snober délibérément l’£uvre posthume. Mais trop de marketing tue le marketing, trop d’hommages tue l’hommage. A force de manger du Michael Jackson à toutes les sauces depuis plus de quatre mois, qui a encore envie de se farcir quelque deux heures de tête-à-tête avec la star sur le déclin? Apparemment pas mal de monde, puisqu’un peu partout la présence sur les écrans de cinéma, au départ limitée à deux semaines, a été prolongée. Au moins, l’effet de rareté, imaginé par les grands stratèges de Sony, a fonctionné en plein.
A moins que la qualité intrinsèque n’ait réellement joué? Honnêtement, This Is It est un film bancal. Mais c’est pour cela aussi qu’il est réussi. C’est tout le paradoxe du documentaire: sa pauvreté fait toute sa… richesse. Devant se contenter des images de répétitions – pendant la première demi-heure, on a l’impression que l’équipe n’a pu tourner que deux séances, recyclant en permanence les mêmes plans -, This Is It n’a en effet d’autre choix que de se focaliser sur Michael Jackson, l’artiste. Pas le freak, l’hyperstar déconnectée de la réalité, abonnée aux dérapages trash. Non, la seule personne qui apparaît à l’écran est bien le showman perfectionniste, performer surdoué. Il faut voir Jackson danser et chanter comme s’il respirait, bougeant avec une aisance folle, une classe naturelle absolument inouïe. Le tout projeté sur très grand écran, au plus près du phénomène.
Différence de taille
On y repensait encore l’autre jour, au moment de se brancher sur YouTube. U2 y avait donné rendez-vous pour suivre la retransmission en direct du concert donné au Rose Bowl de Pasadena, Californie. Plus question d’images de répèt’ ici, mais bien celles d’un méga show bien rodé. Dans le stade, plus de 90 000 personnes. Devant leur ordinateur, quelque 7 millions… Bonne surprise: la qualité de l’image est impeccable, même en plein écran, et le débit est parfaitement fluide. Et pourtant, l’expérience est troublante. Pas moyen de se raccrocher à l’ambiance, impossible de vibrer à la grande communion U2-esque. A 4 h du matin, seul dans le salon, on suit Bono, ses boots compensées, son pas lourd, en train d’arpenter la scène circulaire. Et rien ne se passe. Internet rapproche les gens, les relie tous entre eux, mais au final, ils restent seuls – logique après tout, PC voulant bien dire ordinateur personnel. Cela valait bien la peine…
Bilan des courses? D’un côté, des images pourries sur grand écran recréent l’étincelle. De l’autre, la perfection technologique sur petit écran tourne dans le vide. Comme quoi, dans la vie, tout est une question de taille. Reste à savoir laquelle…
DE Laurent hoebrechts
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