Depuis son départ de Canal+, il y a 2 ans, Louise Bourgoin a connu une ascension fulgurante. Césarisée pour La Fille de Monaco, solide Adèle Blanc-Sec chez Besson, puis carte glamour du dernier festival de Cannes à travers L’autre monde (lire notre critique page 26), le nouveau film du réalisateur de Qui a tué Bambi?…

Née Ariane, Louise Bourgoin voit le jour à Vannes en 1981, dans un milieu intellectuel. Son père est professeur de philosophie et sa mère psychiatre. Cet ancrage lui sert aujourd’hui de repère pour garder la tête froide.  » Je suis très exigeante avec moi-même, jamais satisfaite de ce que je fais. Dans le monde où j’ai grandi, le show business était considéré comme quelque chose d’assez vulgaire. Mon père voulait que je sois professeur de grec ancien! » Elle préfère entrer aux Beaux-arts à Rennes, et s’essaye parallèlement au mannequinat. C’est cette filière qui l’amène, son diplôme en poche, à animer des émissions à l’audience confidentielle sur le câble français. Puis elle débarque dans Le Grand Journal de Michel Denisot avec le succès que l’on sait. C’est à cette occasion que, pour éviter la confusion avec sa nouvelle collègue Ariane Massenet, elle accepte de changer de prénom (et choisit une assonance avec la plasticienne Louise Bourgeois, qu’elle admire).

Alors, la Bourgoin, une tête bien pleine sur un corps bien fait?  » Ce qui est important c’est que tout ça ne m’est pas tombé dessus à 18 ans mais après beaucoup de petits boulots et après les Beaux-arts! J’ai 28 ans, je peux voir la célébrité avec lucidité plutôt que d’être obsédée par les chaussures que je vais porter ce soir! »

Elle n’en reste pas moins une vraie gravure de mode et ne s’embarrasse pas de fausse pudeur pour jouer de ses charmes dans ses différents rôles.  » Après La Fille de Monaco , on m’a mise en garde en me disant que je n’allais plus recevoir que des rôles de blonde décérébrée. Je m’y étais préparée mais ce n’est pas du tout ce qui est arrivé. J’ai déjà pu interpréter une mère de famille, une gothique dépressive, un Indiana Jones au féminin… Je n’ai pas envie d’être enfermée dans un type de rôle ou dans une famille de cinéma. Je suis avide de travailler et d’explorer des terrains différents. En fait, je me considère encore en apprentissage. »

Il est vrai que ce passage par la comédie était loin d’avoir été calculé.  » Quand j’étudiais l’art plastique, je m’exprimais à travers un objet. Mais ça me manquait de m’exprimer par mon corps et c’est en ça que jouer la comédie est devenu vital. Ça complète l’expérience. » Quant à prédire le futur…  » Il y a 10 ans, je me voyais professeur de dessin, alors qui sait? En attendant j’ai un âge idéal car on me propose des rôles très variés. Quand je vieillirai, il n’y aura peut-être plus assez de rôles pour moi, je verrai.  »

Regard voilé

Ses rôles, elle a pour l’instant su les choisir judicieusement, en restant à l’écart des grosses comédies potaches à laquelle son étiquette « Canal+ » semblait la destiner et qui n’en faisait pas un choix évident pour Gilles Marchand, le réalisateur de L’Autre monde.  » Quand je l’ai rencontrée, raconte-t-il, j’ai douté qu’elle puisse créer ce personnage qui recherche des partenaires sur Internet pour se suicider! Mais aux essais, j’ai vu un voile passer dans ses yeux et lui donner cet air perdu. »

Rien de tel que le regard d’un réalisateur pour tenter de comprendre une actrice. Et en quittant Louise Bourgoin sur une terrasse cannoise, on a finalement l’impression qu’elle ne se dévoile que pour mieux se cacher. Comme si cette vie de comédienne glamour était pour elle un de ces délires que les autres ne s’offrent que dans les réalités virtuelles, ces « autres mondes » au c£ur de son dernier film. l

Rencontre Matthieu Reynaert, à Cannes

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