Le Culte des images avant l’iconoclasme

L’art a une histoire -et donc un début et une fin. Ce qui était déjà la grande obsession de Hegel au XIXe siècle a été confirmé tout au long du XXe par tous les spécialistes de l’art, de Hans Belting à Arthur Danto. Feu Ernst Kitzinger, qui fut, de son vivant, un des plus éminents connaisseurs du monde byzantin, a lui aussi ajouté sa contribution à la compréhension de cet état de fait. Dans Le Culte des images avant l’iconoclasme, un gros article publié en 1954 dans les prestigieux Dumberton Oaks Papers, il avait ouvert le dossier des relations que l’époque byzantine entretenait avec les images -et avec leur passé. Bien loin d’être la cible de contemplation ou de méditation que nous avons l’habitude d’y voir, les images, pour les Byzantins, étaient des objets dont il était attendu qu’elles obtiennent des résultats. Avant d’être sanctuarisées dans l’art, sous la réserve qu’elles puissent servir à la pédagogie du culte chrétien, les images n’étaient pas des images, mais des artefacts votifs, sacrés, à la fonction concrète infiniment plus riche. En devenant oeuvres, elles gagnèrent en statut et en sérieux -mais perdirent en efficacité, jusqu’à ce que l’heure de la fin de l’Histoire de l’art résonne dans un grand bâillement. Entre le moment de la magie sacrée et celui de l’indifférence polie, il y eut place, pendant un bref intervalle de temps, pour l’art. Et désormais?

D’Ernst Kitzinger, éditions Macula, traduit de l’anglais par Philippe-Alain Michaud, 244 pages.

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