Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

LA REVENTE DE TICKETS DE CONCERTS AVEC BÉNEF AU MARCHÉ NOIR SERA BIENTÔT INTERDITE. BONNE NOUVELLE? PAS POUR TOUT LE MONDE APPAREMMENT.

On l’apprenait il y a une quinzaine de jours maintenant. La Commission de l’économie de la Chambre a adopté une proposition du PS. Il sera bientôt interdit de revendre un ticket de concert ou d’événement sportif plus cher que le prix d’achat. Une mesure visant à contrer l’augmentation massive des prix coïncidant avec l’essor de sites de reventes tels que eBay et autre Viagogo.

Mort aux spéculateurs et au marché noir! Fini de payer ses places à des prix de mabouls (enfin, ce ne sera plus de leur faute)… Une nouvelle qui, pensait-on, ferait plaisir à tout le monde sauf aux quelques gugusses qui acquièrent des tickets en quantité (voire vous les achètent devant Forest, le Bota ou l’AB) pour les revendre un peu plus tard, un beau petit profit à la clé, aux moins heureux/prévoyants/ponctuels (biffez les mentions inutiles).

Oui mais voilà, messieurs dames, on est en 2013. Et les commentaires d’internautes qui s’amoncèlent sur les sites Web des médias d’information laissent parfois pantois. « Mais de quoi je me mêle? Franchement, si c’est tout ce que nos (trop) chers élus ont à faire, je comprends pourquoi tout va si mal! » « Une démarche typique des pseudo altruistes infantilisants. Si quelqu’un décide de vouloir à tout prix assister au concert de trucmuche ou au match de l’équipe mou du genou c’est son problème. Non? » Ou encore: « Interdire. Oui, c’est une excellente mesure pour relancer l’économie qui se gangrène. » Allô, il y a quelqu’un?

Signe réconfortant

Les réactions scandalisées traduisent une idée assez dérangeante. Celle que la spéculation sur tout et n’importe quoi est totalement acceptée, intégrée, même reven- diquée, et représente une manière tout ce qu’il y a de plus louable, honorable, légitime de faire son beurre. « S’il y a des gens qui sont assez cons pour acheter un billet cinq fois son prix, pourquoi les en priver? », questionne le Malin. Parce que même si mener la lutte contre ces magouilles souvent organisées à la sauvette sera aussi compliqué que boire une tasse de soupe à la fourchette, il est réconfortant de se sentir protégé, dans certaines limites certes, contre la loi de l’offre et de la demande. Ses principes fondamentaux, inégalitaires et vomitifs.

L’idée n’est pas de se dire qu’un Anderlecht-Standard et un bon Rock Werchter sont des denrées tellement essentielles qu’il faut en réguler la vente. Sinon, il faudrait commencer par s’attaquer au prix des maisons et des meubles d’occasion. C’est juste un signal, dans le champ de la culture et du divertissement, que le vrai prix des choses ne doit pas nécessairement être celui que certains, les plus friqués, sont prêts à payer.

JULIEN BROQUET

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