Au cour des ténèbres – RelevÉ par une rare iconographie, un album dresse l’inventaire du cinÉma horrifique dans ses frissonnantes expressions.

De Jonathan Penner et Steven Jay Schneider. Éditions Taschen, traduit de l’anglais, 194 pages. Empruntée à Strait-Jacket de William Castle ( La meurtrière diabolique, dans sa traduction française), la photo de Joan Crawford ornant la quatrième de couverture de cet album vaut mieux que de longs discours. Regard dément sur hache brandie bien haut, on tient là la promesse de moments croquignolets, distillés sans modération d’ailleurs au gré de ces quelque 200 pages retraçant l’histoire du cinéma d’horreur.

Rien que du bien classique, a priori, dans un exercice couvrant pratiquement un siècle de cinéma, du tout premier Frankenstein, réalisé en 1910 et aujourd’hui perdu, aux ultimes déclinaisons du genre horrifique – les Saw et assimilés. La démarche de Jonathan Penner et Steven Jay Schneider ajoute toutefois à l’érudition un découpage original, en même temps qu’elle s’appuie sur une iconographie de premier ordre, avec nombre de clichés aussi spectaculaires que rares.

Le contexte historique général du cinéma d’horreur posé, en même temps que sa faculté à refléter les angoisses de son temps, l’album est découpé en 10 chapitres, suivant un inventaire thématique conduisant le lecteur de psychopathes en monstres et dégénérés; de morts-vivants en monstres féminins; de fantômes en mauvais génies, et on en passe. Tout un programme, joliment mis en perspective catégorie après catégorie, un rappel historique précédant l’analyse des films majeurs.

Richement documentée, cette rétrospective dispense aussi à l’occasion l’anecdote ou le détail qui tue. Sans oublier, bien sûr, la petite phrase assassine – façon « J’ai mangé son foie avec des fèves et un bon Chianti » (Hannibal Lecter dans The Silence of the Lambs) ou « Les zombies sont des monstres en col bleu » (George A. Romero). Soit un ouvrage sérieux sans se prendre au sérieux, et sachant manier à l’occasion un sens appréciable du second degré. Seul regret: le peu de cas fait de l’horreur dans le cinéma non anglo-saxon, lequel ne se fraye que fort sporadiquement un passage parmi ces démons, satanistes et autres loups-garous de tout poil…

Jean-François Pluijgers

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