« Ce n’est plus de mon âge.  » Combien de fois a-t-on entendu nos parents, et les leurs, répéter mécaniquement cette phrase autant pour manifester leur incompréhension que pour justifier leur inactivité? Artistes et commerciaux n’en tentent pas moins de dépasser les fractures générationnelles. La preuve par trois.

La danse contemporaine pour retraités

Danser, danser. La vie, c’est fait pour danser. Et il n’y a définitivement pas d’âge pour se déhancher. C’est ce qu’a récemment, et en deux temps, démontré la chorégraphe Pina Bausch. En 2000 déjà, l’Allemande avait invité des personnes de plus de 65 ans, recrutées par petites annonces, à réinterpréter sa pièce mythique Kontakthof (1978). Habitée par ces amateurs, qui pour la plupart n’avaient jamais dansé, la pièce rencontra un tel succès que la troupe continua de tourner à travers le monde. Elle s’arrêta même au Singel, à Anvers. Depuis novembre, Bausch propose une autre version du même spectacle cette fois incarnée par des adolescents âgés de 14 à 20 ans. Elle programme même l’un à la suite de l’autre les performances des gamins et de leurs aînés. Les ingrédients restent les mêmes: l’amour, la tendresse, la communication impossible.

Les « Vieux » Vidéo

Les personnes âgées sont celles qui ont le plus de temps disponible et parfois, voire souvent, le plus d’argent à dépenser. Les concepteurs de consoles ont depuis un temps vu les portes des pensionnés s’ouvrir, senti le vent des maisons de retraite venir. Suffit de regarder la dernière publicité pour la Wii durant laquelle un père de famille se prend une taule au jeu vidéo face à sa belle-mère. Car « la culture jeune pour les vieux », c’est aussi une question de business. Brain Age, sur Nintendo DS, a toujours été destiné à un public âgé. Ce jeu s’inspire des travaux du professeur japonais Ryuta Kawashima. Neurologue dont les études analysent l’impact des exercices de lecture et de mathématiques sur la stimulation du cerveau. Et une chose est sûre, plus il travaille, moins il risque de s’engourdir. Brain Age rassemble du Sudoku, des mots croisés… Bref, des activités déjà fort prisées par les têtes blanches sur papier.

Le slam en maison de retraite

Poésie orale, urbaine, déclamée dans un lieu public, sur un rythme scandé, le slam (de l’anglais « claquer ») est sans doute le fils, plus vraiment caché, du rap et du hip-hop. Comme eux, il exprime souvent un profond malaise social. La langue bien pendue, Grand Corps Malade en est l’un des plus illustres représentants. S’il a vendu des camions d’albums, tourné aux quatre coins de France et de francophonie, Fabien Marsaud (c’est son vrai nom) a aussi trouvé le temps d’animer, à travers son associa-tion Flow d’encre, des ateliers de slam dans une maison de retraite de Saint-Denis. Les jeunes du quartier peuvent y déclamer leurs textes aux personnes âgées ou même partager avec elles leur plume et leurs idées. Certains aînés prétendent même rajeunir de 20 ans au contact de ceux qui les incitent à faire rimer leur quotidien. Quatre credo: la rencontre, l’échange, le plaisir et l’entraide…

J.B.

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