ANNE FONTAINE CÉLÈBRE LES DIFFÉRENCES ET L’AMOUR LE PLUS IMPROBABLE DANS UNE COMÉDIE OÙ BENOÎT POELVOORDE ET ISABELLE HUPPERT CRÉENT LA (TRÈS BONNE) SURPRISE.

Dans la filmographie d’Anne Fontaine, Mon pire cauchemar ( lire la critique page 30) se situe à la croisée de 2 tendances marquantes. La première amenant à se rencontrer, presque à chaque fois, des personnages que tout en principe oppose, culturellement, socialement, par la personnalité. La seconde, plus récente (elle date de La Fille de Monaco) signale chez la réalisatrice de Nettoyage à sec et de Nathalie comme un désir d’humour, ne pouvant déboucher à terme que sur une tentative de franche comédie. « La Fille de Monaco était une comédie très noire, Mon pire cauchemar est nettement moins pessimiste et sombre: c’est un film solaire, chose étrangement plus difficile pour moi! » Anne Fontaine sourit en commentant ce nouveau film si lumineux, au fond, qu’il en ferait mentir le titre de son premier long métrage: Les Histoires d’amour finissent mal en général

 » C’était une vraie gageure, que je tenais à tenter avec Benoît et Isabelle« , poursuit la cinéaste, qui avait  » ce couple dans la tête depuis des années« .  » Je les imaginais ensemble, travailler l’hypothèse improbable d’une utopie amoureuse à partir de la lutte des classes« , explique Fontaine qui a aussi voulu  » faire le portrait de ces femmes qui veulent tout contrôler, parfois jusqu’à l’absurde… Donc un petit peu le portrait d’un metteur en scène. C’est l’aboutissement d’une évolution personnelle, où j’ai mis beaucoup de moi, une comédie que j’espère intelligente et qui repose sur cette chose si fragile qu’est le rire.  »

Archétypes

 » Les personnages joués par Benoît et Isabelle sont au départ des archétypes, concède la réalisatrice française, mais ils révèlent peu à peu qu’ils ont un point de contact souterrain qui les lie, et qui fera qu’après s’être fait du mal, ils se feront du bien. Avec ce que cela suppose d’émotion, autre élément fragile quand il est associé au rire. Il faut constamment garder un équilibre, sinon tout s’écroulerait d’un coup…  » L’exercice de funambule est réussi pour Fontaine, que 2 acteurs au sommet de leur art servent de très belle façon.  » J’ai joué avec l’image qu’ils ont dans la vie, avec ce que l’on pense d’eux, et je l’ai fait de manière ludique, en les transfigurant« , s’exclame une Anne Fontaine qui loue  » la capacité d’Huppert à se moquer d’elle-même (son personnage est insupportable au départ) ». Son film, elle le compare à  » un mille-feuille où on découvre de nouvelles facettes, de nouvelles dimensions, au fur et à mesure qu’avance la relation d’Agathe et Patrick« . Elle parle aussi d' » une comédie romantique pimentée de transgression  » à propos d’une £uvre qu’elle a souhaitée  » pleine de santé« , à rebours de ses premières réalisations dont la mémoire nous invite à nous demander, à tort, en regardant Mon pire cauchemar, quand le rire va se figer et les choses basculer vers la noirceur… Anne Fontaine semble heureuse de son « coup ». Heureuse aussi d’avoir offert un troisième rôle mémorable à Benoît Poelvoorde, après ceux d’ Entre ses mains et de Coco avant Chanel. Et ce avant de lui en donner très bientôt un quatrième!  » Si on peut dire d’Isabelle qu’elle est un Stradivarius, conclut-elle, on pourrait comparer Benoît non pas à un instrument de musique (je suis pourtant fille de musicien!), mais -disons- à une Ferrari, lui qui aime les belles voitures. Je lui trouve un sex-appeal hallucinant. Ce film, très personnel pour moi même si on va le voir comme une comédie populaire, parle un peu et même beaucoup de notre relation…  »

RENCONTRE LOUIS DANVERS

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