Le Bois

Ceci n’est pas un film d’horreur mais ça pourrait y ressembler, tant l’atmosphère instillée par Jeroen Brouwers dans Le Bois est lourde et sombre. Poisseuse aussi. La bure rêche des frères franciscains du pensionnat néerlandais Saint-Joseph des Anges force la sudation de ces malheureux porteurs placés sous la férule du cruel supérieur Mansuetus. Le frère Bonaventura, entré là comme professeur d’allemand et devenu presque sans le vouloir novice, semble se réveiller d’un cauchemar. Un matin, l’un des élèves manque à l’appel et personne n’ose soulever cette mystérieuse disparition. Lors de son enquête, le jeune enseignant met au jour la politique d’abus et le sadisme d’une communauté religieuse de la fin des années 40, début des années 50, alors que l’après-guerre n’est toujours pas digéré. Sévices physiques, pression psychologique sous couvert de la discipline et de l’austérité monastiques, rien n’est épargné aux pensionnaires comme au lecteur. L’auteur de Rouge décanté joue d’un mysticisme ironique, jugeant sévèrement la loi du silence du monde religieux. Un récit violent, au style pesant et multidirectionnel, comme pour ajouter à l’ambiance de morgue, une chape supplémentaire. Sur le fond, on comprend la fable sur le réapprentissage de sa propre liberté mais l’on éprouve la descente aux enfers des personnages.

De Jeroen Brouwers, éditions Gallimard, traduit du néerlandais par Bertrand Abraham, 352 pages.

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