SOUS LE SOLEIL, EXACTEMENT. CINQUANTE ANS APRÈS, LAWRENCE OF ARABIA N’A RIEN PERDU DE SON ÉCLAT, ÉPOPÉE INTIME ET MONUMENTALE INSCRITE DANS UN CADRE D’EXCEPTION. À VOIR ET À REVOIR…

DE DAVID LEAN. AVEC PETER O’TOOLE, OMAR SHARIFF, ANTHONY QUINN. 3 H 47. 1962. DIST: SONY.

Après les merveilles intimistes de la première partie de sa carrière -l’insurpassable Brief Encounters, mais encore The Passionate Friends ou Summertime-, David Lean s’employa, à compter de The Bridge on the River Kwai, en 1957, à la réalisation de fresques de vaste ampleur. Sorti cinq ans plus tard, Lawrence of Arabia allait constituer la quintessence de ce cinéma à grand spectacle, épopée monumentale inscrivant les évolutions de ses personnages « bigger than life » dans un cadre à leur exceptionnelle mesure.

Inspiré du roman Les sept piliers de la sagesse, de Thomas Edward Lawrence, le film explore la personnalité, complexe, de Lawrence, officier de l’armée britannique en poste au Caire pendant la Première Guerre mondiale. Et qui va s’employer à fédérer les tribus arabes du désert, dont il mènera la révolte contre l’Empire ottoman. Si le contexte historique et politique sous-tendant l’histoire est passionnant, son pendant humain ne l’est pas moins, qui accompagne un homme -Peter O’Toole, flamboyant dans le rôle qui le révéla- dont l’éclat irrésistible va tendre, insensiblement, à s’obscurcir, valant au film une puissance et une profondeur peu banales. Le reste est affaire notamment de maîtrise, et celle de Lean n’est plus à rappeler, qui livre là un joyau étincelant et ensorcelant -près de quatre heures d’un cinéma d’une autre dimension, et pas seulement parce que le film fut tourné en 70mm.

Son cinquantième anniversaire vaut à ce chef-d’oeuvre, immortel à vrai dire et proposé dans son director’s cut, de connaître un lifting en douceur, sous la forme d’un transfert en 4K en restituant magistralement la magnificence et la finesse -légèrement en retrait, toutefois, de l’expérience de Lawrence of Arabia sur grand écran, où la majesté des plans et les transitions imaginées par Lean embrasent littéralement les sens, comme lorsque le craquement d’une allumette libère un lever de soleil somptueux sur une étendue désertique. L’édition en deux Blu-ray sortie pour la circonstance est par ailleurs relevée de compléments nombreux -dont certains déjà parus lors d’une précédente livraison en deux DVD, au rang desquels un making of, différents courts documentaires d’époque ou encore une conversation avec Steven Spielberg reconnaissant sa dette envers le cinéaste britannique. S’y ajoutent aujourd’hui Secrets d’Arabie, lecture interactive du film fourmillant d’informations -on y apprend, par exemple, que le compositeur Maurice Jarre, dont la musique est devenue emblématique du lyrisme de Lawrence, n’était pas le premier choix de Lean, parmi quantité de détails d’ordres divers-, mais aussi les souvenirs, captivants, de Peter O’Toole. Un demi-siècle après son tournage, qui s’étira sur plus d’un an, Lawrence of Arabia n’en finit plus de scintiller. Sous le soleil, exactement…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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