L’Appel de Cthulhu

Gou Tanabe est devenu LE fournisseur d’adaptations de Lovecraft en BD, couronné du Prix de la série au dernier Festival d’Angoulême pour Dans l’abîme du temps et du Prix Asie de la Critique ACBD 2019 pour Les Montagnes hallucinées. Une production à notre avis un brin surévaluée mais qui donne une forme stimulante aux écrits du maître de Providence, réputés complexes à traduire visuellement. Tout le monde n’est pas capable d’illustrer l’indicible. C’est pourquoi la méthode Tanabe consiste à rendre les dessins ambigus, aux formes vagues et textures indéfinies, afin de laisser travailler l’imagination. « C’est la même technique que pour le test de Rorschach », déclarait-il à CNews. Si le style de Tanabe s’accorde si bien à Lovecraft, c’est aussi que ses lacunes en fluidité du découpage et en représentation du mouvement -peut-être parce qu’il était à l’origine peintre et illustrateur- créent des vues figées qui entrent en résonance avec la tétanie de ses personnages impuissants, jouets de forces insondables et perdus dans les géométries non euclidiennes. Près d’un siècle après la parution du récit d’origine, Tanabe adapte avec soin L’Appel de Cthulhu, captivante enquête autour du culte secret de la plus célèbre créature lovecraftienne, qui culmine avec sa tempétueuse apparition maritime. Évidemment, la mise en scène du titanesque Cthulhu se devait d’être un point d’orgue. Mission accomplie, à coup de vues grandioses qui tiennent autant de Gustave Doré que de Bernie Wrightson. Prochaine étape: l’adaptation du Cauchemar d’Innsmouth.

De Gou Tanabe, éditions Ki-oon, 294 pages.

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