FIN DES ANNÉES 30, L’INDUSTRIE CINÉMATOGRAPHIQUE BRITANNIQUE SE MOBILISAIT POUR SOUTENIR L’EFFORT DE GUERRE. UNE COLLECTION RÉUNIT QUELQUES FLEURONS D’ÉPOQUE.

Ceux qui servent en mer (In Which We Serve)

DE DAVID LEAN ET NOËL COWARD. AVEC NOËL COWARD, JOHN MILLS, MICHAEL WILDING. 1942. 1 H 55. DIST: ELEPHANT.

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Le Lion a des ailes

DE MICHAEL POWELL, ADRIAN BRUNEL, BRIAND DESMOND HURST ET ALEXANDER KORDA. AVEC RALPH RICHARDSON, MERLE OBERON, JUNE DUPREZ. 1939. 1 H 12. DIST: ELEPHANT.

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Hollywood, on le sait, soutint massivement l’engagement militaire des Etats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, stars (les James Stewart, Tyrone Power ou autre Clark Gable) et réalisateurs (Michael Curtiz, Frank Capra, John Huston et beaucoup d’autres) se mobilisant pour la circonstance. L’industrie du cinéma britannique ne fut pas en reste qui, sous l’impulsion de Winston Churchill et dès la fin des années 30, devait participer pleinement à l’effort de guerre. En résulta une série de longs métrages dont Elephant Films à l’excellente idée d’éditer un échantillon, sous le label « L’Angleterre en guerre » (1). L’intérêt en est à la fois historique et cinématographique. On retrouve là, bien souvent, la crème des comédiens britanniques de l’époque -les Laurence Olivier, Merle Oberon, James Mason, et jusqu’à la sublime Deborah Kerr dans I See a Dark Stranger (L’Etrange aventurière en vf). Et l’entreprise a par ailleurs mobilisé des réalisateurs prestigieux -Anthony Asquith- ou en passe de le devenir, comme David Lean ou Michael Powell.

Cosigné avec le dramaturge Noël Coward, Ceux qui servent en mer (In Which We Serve) consacre ainsi le passage à la mise en scène du futur réalisateur de Lawrence of Arabia. Comme le souligne Jean-Pierre Dionnet dans son introduction, il y a là, pour ainsi dire, deux films en un, le premier, fort théâtral, faisant la part belle à Noël Coward acteur; le second, plus abstrait, s’appuyant sur une construction originale pour relater l’histoire du HMS Torrin, un destroyer sorti des chantiers navals anglais, et de son équipage héroïque. Et d’adopter une structure enchâssant les flash-backs pour exalter, sans verser dans la grandiloquence, le courage d’une nation, ses soldats comme ses civils. Un classique, bénéficiant d’une restauration inédite.

Si la jaquette en attribue la réalisation au seul Michael Powell (qui allait enchaîner avec The Thief of Bagdad et 49th Parallel), ils sont quatre réalisateurs à s’être partagés les rênes du Lion a des ailes, le générique alignant encore les noms de Adrian Brunel, Brian Desmond Hurst et, last but not least, Alexander Korda. Côté distribution, ce n’est pas mal non plus, puisque l’on retrouve devant la caméra Ralph Richardson et Merle Oberon, au service d’une commande de Churchill, oeuvre de circonstance saluant l’héroïsme et les valeurs de l’Angleterre, prête à combattre l’Allemagne nazie au nom de la liberté. De la propagande pour la bonne cause, en quelque sorte. Et, à plus de 70 ans de distance, une authentique curiosité.

(1) UNE SÉRIE DONT CERTAINS TITRES SONT DISPONIBLES À L’UNITÉ, UN COFFRET RÉUNISSANT PAR AILLEURS VINGT FILMS DE GUERRE BALAYANT UNE PÉRIODE PLUS LONGUE, COURANT DE 1936 À 1961.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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