L’Ange noir de l’Histoire

On aime bien Frédéric Neyrat. Depuis ses premiers livres, il s’est affirmé comme une figure originale, parfois hystérique, dont la pure énergie de pensée pulvérise tout. Son installation aux États-Unis a toutefois donné une saveur neuve à sa vitesse. Consacré à l’afrofuturisme et à la manière dont il a développé une pensée de l’univers qui puisse servir d’alternative réparatrice et émancipatrice à celle imposée par l’Occident, L’Ange noir de l’Histoire en témoigne en un bouquet de pages brillantes et presque apaisées. De la musique de Sun Ra aux récits SF d’Octavia Butler, du P-Funk de George Clinton aux peintures de Wangechi Mutu, Frédéric Neyrat laisse son imagination théorique dériver dans les grands espaces cosmiques et électriques d’un autre sens de l’Histoire, centré autour d’une véritable écologie alien. Là où la plupart des débats écologiques contemporains se concentrent sur le concept d’Anthropocène, Neyrat trouve dans l’afrofuturisme à la fois une critique de ce que ce concept garde d’anthropocentrique, de géocentrique, de blanc, et une proposition en faveur d’une prise en considération de la dimension stellaire de l’utopie. Si l’utopie est ce qui peut entraîner un changement dans notre relation au monde, et si cette relation repose sur un lieu qui n’existe pas, alors ce n’est que du côté de l’impossible que nous trouverons de quoi nous sauver.

De Frédéric Neyrat, éditions MF, 128 pages.

7

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content