L’Ange de l’histoire

Jacob, né des amours adolescentes d’une servante yéménite et de son jeune maître fortuné, est chassé du domaine encore foetus et passe son enfance dans un bordel du Caire.  » Encouragé par tatie Badia, qui pensait que la poésie rectifiait tout ce qui allait de travers », il tente de contrer tôt la rugosité de la vie par l’écriture. Envoyé à Beyrouth dans un pensionnat catholique, à peine considéré par son géniteur, il ne trouvera ancrage qu’à San Francisco parmi les gays que l’épidémie du sida rend aussi vulnérables que des « mariposas ». Garde-malade jusqu’au-boutiste de ses amis, puis de Doc, son grand amour, il s’oublie dans des pratiques punitives, avec, perchés sur son épaule, Satan, qui l’a à l’oeil depuis l’enfance, et quelques saints tutélaires farfelus (Acace, Barbe, Pantaléon, Catherine) supposés prendre soin de lui. Des années après ces deuils en chaîne, submergé par le passé, voici Jacob dans une salle d’attente psychiatrique, tandis que Satan et Mort se disputent son sort. Doit-il tout se remémorer pour évacuer la douleur ou tout effacer et accueillir la fin? Avec érudition et lyrisme, mais non sans causticité (les joutes entre Mort et Iblis sont épiques!), le Libano-Américain Rabih Alameddine s’enfonce jusqu’au tréfonds dans le trauma d’une génération ravagée par la maladie et la culpabilité.

De Rabih Alameddine, traduit de l’anglais (États-Unis) par Nicolas Richard, éditions Les Escales, 408 pages.

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