Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

VIE ET MORT DE LANA DEL REY – LANA DEL REY SE PREND LES PIEDS DANS LE TAPIS ROUGE QU’ELLE A ELLE-MÊME DÉROULÉ. MAIS EST-CE QUE ÇA L’EMPÊCHERA POUR AUTANT DE VENDRE DES DISQUES?

« BORN TO DIE »

DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL.

C’est un peu comme les nanars pour lesquels les distributeurs dans le cinéma évitent soigneusement d’organiser des vi- sions de presse… Le secret était tellement bien gardé qu’on en était arrivé à se demander si on l’entendrait un jour. Il aura fallu attendre la veille de son arrivée sonnante, et surtout trébuchante, dans les bacs (les disquaires l’ont reçu avant nous) pour enfin pouvoir jeter une oreille sur le 1er album de Lana Del Rey.

Peur que le téléchargement sauvage dégonfle les ventes (et les lèvres) de sa protégée? Trouille que la critique et la blogosphère remettent à sa place cette gamine un peu trop vite portée aux nues (nue, où ça?) et plombent le plan marketing? Universal a eu le chic d’entretenir le mystère qu’Elizabeth Grant nous vendait depuis quelques mois avec ses airs ellro-lynchéens, sa voix a priori ensorcelante et son côté nouvelle icône vintage. Bien lui en a pris. Lana Del Rey et Born To Die sont aussi insignifiants que le 1er disque enregistré sous le nom de Lizzy Grant par la poupée depuis lors rafistolée.

Plagiat?

On se disait que Lana Del Rey était capable du meilleur comme du pire. C’est, comme disait l’autre, dans le pire que Lana Del Rey est finalement la meilleure. Et on pouvait un peu s’en douter. Ne serait-ce qu’à la lassitude et aux réactions épidermiques provoquées à la longue par son lancinant tube Video Games. Un titre (le meilleur du disque) pour lequel la donzelle est, soit dit en passant, accusée de plagiat par la chanteuse grecque Eleni Vitali qui y entend sa chanson Dromoi Pou Agapisa.

Bref. Coincé entre une poignée de morceaux (les singles Video Games et Blue Jeans) faits pour plaire aux branchés et les autres conçus pour passer en radio avec Britney, Rihanna et Beyoncé, Born to die porte bien son nom. A peine accouché, on a déjà envie de l’enterrer au fond du jardin.

D’accord, National Anthem commence à la Bitter Sweet Symphony de The Verve. Million Dollar Man partage des paroles avec le Blue Suede Shoes de Carl Perkins ( One for the money, two for the show). Et Diet Mountain Dew donne envie de réécouter Morcheeba et la voix de Skye Edwards. Mais si Lana Del Rey, qui a le mérite d’écrire ses textes, flirte avec tout -la pop, le trip-hop, le r’n’b, le hip hop, la variète-, elle ne ressemble finalement à rien.

Il y en aura évidemment beaucoup pour prétendre le contraire (et sans doute l’acheter) mais ce disque ne fait péniblement illusion que le temps de quelques chansons. Il est inodore, incolore, insipide, ennuyeux, irritant, soporifique, laborieux, grandiloquent, raté, vide, chiant, indigeste, transparent, ampoulé, prétentieux… Qui dit mieux? l

JULIEN BROQUET

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