Lana Del Rey

« Chemtrails over the Country Club »

Le sixième album fut donc le bon. Avec Norman Fucking Rockwell, sorti il y a deux ans, Lana Del Rey trouva enfin une reconnaissance qu’elle n’espérait plus. Depuis le succès de Video Games en 2011, l’Américaine a en effet autant fasciné qu’elle n’a polarisé et suscité le débat. Rien ne lui aura été épargné: longtemps soupçonnée de n’être qu’une « créature » fabriquée de toutes pièces par sa maison de disques, Del Rey fut accusée entre autres de « glamouriser » l’amour toxique, ou de pasticher une certaine mythologie américaine sixties. Certes, Norman Fucking Rockwell n’a pas éteint tous les feux. Mais il a dévoilé une consistance et une ampleur jusque-là inédites dans son écriture. Le nouveau Chemtrails over the Country Club confirme cet état d’esprit. Plus question de se disperser, comme dans les premiers albums: il s’agit ici de creuser un sillon americana-folk de plus en plus maîtrisé, jusqu’à annoncer reprendre Joni Mitchell (sur Dance Till We Die) et le faire sur le morceau suivant (une cover de For Free). Lana Del Rey a toujours tenu à conjuguer imagerie du passé et obsessions contemporaines. C’est encore le cas ici -jusqu’au titre qui suggère l’association entre théorie du complot (les chemtrails) et troupes trumpistes (le country club). On retrouve également son goût pour les langueurs californiennes et les ambiances noires: dès le départ, il est question de regrets, de nuits moites à L.A., et d’étés plombés, à plonger dans la piscine sans prendre la peine de retirer ses bijoux… Mais sur ce nouvel album, Lana Del Rey s’enfonce aussi plus souvent vers l’intérieur du pays. Pour un album peut-être moins spectaculaire que son prédécesseur, mais pareillement fascinant dans sa chronique du malaise américain.

Distribué par Universal.

8

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