La vie qui commence

C’est la dernière colo qu’il aurait voulu oublier. Celle où, aux portes de l’adolescence, Gabi est la cible de flèches moqueuses. Celle où on se montre plus fort que l’on est pour survivre. Celle aussi où un moniteur en jogging rouge entrant chaque nuit dans la chambre verte a mis fin à l’innocence. Vingt ans plus tard, alors qu’il vient aider son grand-père Lucien à vider sa maison, Gabi creuse les souvenirs du vieil homme bougon. C’est de la fosse en face de la maison, réceptacle des sources environnantes, que surgit un fantôme, amenant le jeune homme à sonder le traumatisme subi plus jeune en même temps que l’aïeul passe à l’aveu. Remarqué pour son premier roman Mémoire de soie, Adrien Borne se fait à nouveau ici écrivain du silence et du secret pour cette introspection en deux époques sur les blessures intimes.  » On ne peut pas passer sa vie entière à raconter l’effondrement. » Nous immisçant dans une interrogation de soi au débit urgent, où la ponctuation s’efface, et déroutant d’un adolescent, comme si l’enfant en Gabi n’avait pas grandi, comme contaminé par le drame – » une impasse« -, le journaliste français, proche de son personnage, cueille l’émotion et refuse la chasse au coupable (comme d’autres livres l’ont fait avant celui-ci). La justice ici n’est pas l’important pour l’auteur et pour Gabi -nombreuses questions restent sans réponse-, c’est leur résilience qui prime.

D’Adrien Borne, éditions JC Lattès, 240 pages.

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