La Troisième Guerre

Au coeur de La Troisième Guerre, le premier long métrage du cinéaste italien Giovanni Aloi ( lire son portrait en page 4), on trouve Léo Corvard (Anthony Bajon), militaire fraîchement engagé, débarqué à Paris en provenance de La Roche-sur-Yon pour y être affecté à une mission Sentinelle. Et patrouillant inlassablement dans les rues de la capitale française en compagnie de Yasmine (Leïla Bekhti), la sergente en charge des opérations, et Bentoumi (Karim Leklou), un compagnon d’armes, à l’affût d’une éventuelle menace. Un quotidien fait d’attente et de regards inquisiteurs; de frustrations aussi qui, peu à peu, déconnectent le jeune soldat de la réalité. Accompagnant ces militaires en proie à un ennemi invisible dans leur morne routine, Giovanni Aloi signe un film d’une trouble étrangeté, réussissant, alors que la paranoïa gagne insensiblement, à capter l’air anxiogène et sécuritaire du temps. Une envoûtante réussite, consacrant la naissance d’un réalisateur et confirmant, aux côtés des impeccables Leïla Bekhti et Karim Leklou, l’étendue du talent d’Anthony Bajon, également à l’affiche d’ Un autre monde. L’édition DVD est riche en suppléments intéressants, le cinéaste et le scénariste, Dominique Baumard, s’étendant sur les ressorts d’une oeuvre envisagée comme « un film de folie » à la manière de Taxi Driver, tandis que le compositeur Frédéric Alvarez et le mixeur Aymeric Dupas décortiquent l’environnement sonore de la dernière séquence sous haute tension, dans la réserve d’un supermarché. S’y ajoute, last but not least, Au pas, un court métrage tourné en 2014 où Giovanni Aloi mettait en scène, dans une appréciable sécheresse, une autre dérive, celle d’un homme en décrochage social et familial. À découvrir.

De Giovanni Aloi. Avec Anthony Bajon, Karim Leklou, Leïla Bekhti. 1 h 27. Dist: Capricci.

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