La Tête dans les nuages

Ce qui frappe d’emblée, c’est la noirceur du dessin. Fils spirituel de Robert Crumb et collaborateur du désenchanté Harvey Pekar, Joseph Remnant s’inscrit dans la mouvance désabusée de ses maîtres. Il dresse des portraits de jeunes gens fraîchement sortis d’une école d’art de Cincinnati. Pas réellement connue pour son milieu artistique, la ville offre dans ce domaine des perspectives d’avenir très réduites. Pas pour tout le monde cependant, pour qui sait se placer ou se faire remarquer. Seth -alter ego de l’auteur?- est un jeune homme doué mais sans concession, qui refuse le bling-bling du monde de l’art et se voit obligé de travailler dans un fast-food pour payer le loyer. Allison, sa meilleure amie, a l’opportunité de participer à une expo où elle se fait remarquer par Colby Davis, insupportable caricature du galeriste arriviste. L’exposition est organisée par Kat, la seule de la bande à avoir fait une école de business, qui compte bien arriver au sommet et qui en définitive n’en a rien à foutre de l’art. Gravitent autour de cette petite bande des junkies, des fils à papa, des adolescentes délurées… et John Pollard, seul véritable artiste contemporain de la région. Peut-être un peu trop caricatural, La Tête dans les nuages n’en est pas moins une très bonne analyse de ce milieu « si sympathique » de l’art et son argent.

La Tête dans les nuages

De Joseph Remnant, éditions Delcourt, 160 pages.

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