Révélé sur le tard, Josh Brolin a explosé au contact des Robert Rodriguez, Quentin Tarantino et autres frères Coen. Le voilà aujourd’hui chez Gus Van Sant.

Une gueule, inoubliable, assortie à une présence, monstre: Josh Brolin était, a priori, taillé pour les écrans. Enfant du sérail, il débute, au milieu des années 80, dans Les Goonies, de Richard Donner. Les rôles s’enchaînent alors, de séries télévisées en films plus ou moins dispensables, sans arracher l’acteur, natif de Los Angeles, à un anonymat relatif. Le tournant se produira en 2007, lorsqu’il est associé au projet Grindhouse, de Quentin Tarantino et Robert Rodriguez. Hollywood semble alors (re)découvrir un comédien qui approche la quarantaine. « Je n’aurais pu espérer meilleur timing, observe-t-il dans un large sourire, alors qu’on le rencontre à Los Angeles, où il assure la promotion de Milk. J’ai certes vécu modestement, mais plus fondamental, j’ai pu veiller à l’éducation de mes enfants, qui sont désormais suffisamment autonomes pour que je n’aie plus à me faire du mouron à leur sujet lorsque je voyage…  »

Les choses s’emballent en effet dans la foulée: Ridley Scott (American Gangster) et Paul Haggis (In the Valley of Elah) se le disputent, avant que les Coen lui offrent le rôle mémorable de Llewelyn Moss, dans No Country for Old Men. Un passeport pour la postérité, mais aussi pour d’autres emplois de premier plan: après avoir été le président des Etats-Unis dans le W d’Oliver Stone, le voilà qui réendosse des habits de politicien pour Gus Van Sant, ceux de Dan White, l’homme qui devait assassiner Harvey Milk, en 1978.

un personnage consistant et ambigu

Entre les deux hommes, Josh Brolin se refuse toutefois à tracer des parallèles: « Bush a une conviction incroyable, mais il n’a pas de capacité notable à réexaminer les choses. Pas de Freud, non plus chez W, alors que Dan White était quelqu’un d’émotionnellement perturbé qui essayait sincèrement de faire marcher les choses, et de trouver sa place. Il s’agit de quelqu’un d’extrêmement torturé, ce que je ne dirais pas à propos de Bush. J’ai appris que ce bon vieux George avait vu le film d’Oliver Stone récemment, et qu’il l’avait aimé, ce qui fait parfaitement sens à mes yeux. » (rires)

Son personnage, Josh Brolin l’a appréhendé sous l’angle de la tristesse. « J’ai regardé des vidéos, j’ai pu écouter ses confessions, et elles ont exercé un effet révélateur sur moi. Je me suis senti mal à sa place, sans que cela justifie en rien ce qu’il a fait, mais je peux me représenter l’incroyable pression qu’il subissait » – White en ultime ressort des conservateurs de tout poil, en quelque sorte. Avant d’ajouter: « J’ai bien sûr mes sentiments, mais je ne le juge pas. Plus on prend en compte les aspects humains de n’importe quel personnage, plus cela rend les choses intéressantes.  » Il réussit d’ailleurs à donner à Dan White une authentique consistance, et une non moins troublante ambiguïté, pour le faire exister face à un sensationnel Sean Penn.

Désormais fort courtisé – on l’annonce notamment dans le prochain Woody Allen -, Brolin savoure, en toute modestie: « J’ai désormais plus de choix, et c’est formidable ». Non sans envisager un passage à la mise en scène, dans la foulée de son court-métrage, X. « Je suis occupé à l’adapter en un long métrage. L’histoire? Très Coen Brothers… » On ne vous en dira pas (encore) plus…

Jean-François Pluijgers

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