Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

22.55 FRANCE 2

D’ÉRIC WORETH. AVEC ANTOINE DULERY, MARIUS COLUCCI, CHRISTOPHE ALÉVÊQUE.

Pour un paquet d’adolescents d’hier et d’aujourd’hui, Agatha Christie est une fenêtre sur la passion littéraire. Une rampe de lancement, un engrais romanesque qui donne envie d’en lire plus, et plus encore. Maîtresse de l’intrigue à n£uds, de la plongée policière au c£ur des petits meurtres amicaux de la bourgeoisie anglaise, elle fut aussi prolifique qu’innovante dans son créneau. Au point d’être considérée comme l’une des écrivaines les plus lues de l’Histoire.

Les Petits Meurtres d’Agathe Christie, série de téléfilms diffusés sur France 2, emmène le téléspectateur dans l’univers travesti de l’auteure des Dix petits nègres. En clair, on tire des romans éponymes les bases d’une fiction rapatriée en France. Où les Miss Marple et Hercule Poirot seraient remplacés par le duo Jean Larosière et Émile Lampion. 90 minutes au bout desquelles, comme leurs détectives de modèle, les deux compères assembleront les pièces du puzzle devant l’ensemble des protagonistes potentiellement impliqués.

MENACÉ PAR LE GROTESQUE

L’idée valait son pesant de poison, d’armes tranchantes et d’autres joyeusetés utilisées dans les romans de Christie. À elle seule, la richesse intrinsèque des intrigues, maintes fois adaptées sur petit et grand écran, auraient pu enfanter le meilleur. Dommage. Car le résultat est décevant.

Dans cet épisode intitulé La Plume empoisonnée, Lampion, adjoint homosexuel du commissaire Larosière, s’en va soigner une blessure par balle dans un petit village du Nord. Un village où les non-dits se fissurent doucement à coups de lettres anonymes impliquant des notables mal en point…

La Plume empoisonnée fait forcément penser à Maigret. Pour son esthétique années 50 et sa manière d’explorer les vices de la campagne profonde. Mais là où Bruno Cremer gonflait son personnage d’un charisme épais, Antoine Delury campe un Larosière menacé par le grotesque. C’est d’ailleurs l’impression générale laissée par la direction d’acteurs: voyageant maladroitement entre l’intérêt purement policier de son récit et l’envie manifeste de le porter sur les rives du détachement humoristique, Éric Woreth (et sa scénariste Sylvie Simon) ne parvient qu’à vider d’intérêt les deux aspects. En résulte une fiction pantouflarde, aux pénibles ficelles de mise en scène, et à l’interprétation totalement incertaine. Seul le dénouement…

Guy Verstraeten

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