La nuit introuvable

Premier roman de la championne française de « slam poetry » en 2010, La Nuit introuvable est un petit bijou, même si son thème -la maladie d’Alzheimer- peut paraître récurrent en littérature. Loin de la description minutieuse et parfois complaisante de cette maladie dégénérative, Gabrielle Tuloup a choisi de nous relater une relation mère-fils. Elle le fait sous la forme de huit lettres adressées parcimonieusement au fils, afin que ce dernier comprenne l’attitude d’indifférence cruelle dont elle fit montre durant toute son enfance. Après un mariage raté, Nathan, la quarantaine, mène en Slovénie une vie ennuyeuse. Il l’a choisie pour s’éloigner de sa mère après le décès du père adulé. Comme elle, il est incapable d’aimer, paralysé par les mots et maladroit dans la tendresse: « Nos entrevues s’étaient donc limitées à ce qui devait ressembler à la rencontre fortuite de deux manchots coincés dans leurs costumes sinistres, se saluant avec une chaleur de banquise. » On a envie de se révolter face à cette mère qui semble vide de sentiments, mais les émotions nous submergent quand elle rédige son magnifique chant d’amour. L’écriture est superbe, nourrie d’une poésie parfois cinglante, parfois sensuelle. Un premier roman réussi, qui se ferme sur une fin choc:  » Maman? »  » Bonjour Monsieur. »

de Gabrielle Tuloup, Éditions Philippe Rey, 152 pages.

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