La mort aux trousses

The Evil Within 2 perpétue l’esprit de Shinji Mikami. Ce roi du game over pleure de belles larmes de sang mais n’échappe pas à certains archaïsmes.

The Evil Within 2

Édité parBethesda Softworks et développé par Tango Gameworks, âge: 18+, disponible sur PC, PlayStation 4 et Xbox One.

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Les zombies de George A. Romero et les traumas familiaux de Wes Craven hantent l’oeuvre de Shinji Mikami. Pape du survival horror, le créateur âgé de 52 ans popularisait ainsi ce genre avec Resident Evil, il y a plus de 20 ans. Les consoles de salon n’avaient alors jamais fait hurler les gamers d’effroi. à force de surprises morbides où planaient notamment LesOiseaux d’Hitchcock, le maître de l’horreur transformait la première PlayStation en boîte à cauchemar. Influencé par Alone in the Dark, Mikami a orchestré les trois suites de Resident Evil chez Capcom (1). Fort de collaborations prestigieuses (Devil May Cry, Viewtiful Joe, Killer7…) puis cofondateur de PlatinumGames (2), le père de cette oeuvre séminale vole désormais avec Bethesda où il lâchait TheEvil Within, sous le label Tango Gameworks, il y a trois ans.

Boss de la frousse, Mikami a confié la suite de ce huis clos hospitalier gore à John Johanas. Auteur de deux DLC applaudis sur le premier épisode, le game designer y honore l’esprit de son maître. The Evil Within 2 se montre donc impitoyable, en mode normal. Face à quelques coups de griffes, une simple pétoire n’empêche pas le game over.Comme sur Resident Evil, on compte attentivement ses potions et ses munitions. Des pièges à souris surprennent aussi. Mention spéciale pour ce box de garage aux bonus prometteurs qui se referme, dès sa porte franchie.

Vegan s’abstenir

Traitant de paternité et brandissant l’image de la marâtre, The Evil Within 2 replongeen enfer avec Sebastian Castellanos, ex-flic rongé de remords qui a perdu sa femme et sa fille dans un incendie. Cette dernière serait encore en vie, enfermée dans le coeur du Stem. Cette improbable simulation informatique corrompue s’étale comme une bourgade américaine typique. On y croise un kid livide qui se fait gaver par une mère possédée, un photographe serial killer, des monstres qui hachent menu des cadavres de soldats… S’explorant carte à l’appui comme un petit monde ouvert (on pense à Dead Rising), ce survival horror vu à la troisième personne vaut le détour pour ses ambiances suintantes et vénéneuses. Pour son scénario façon Matrix, on repassera.

Jonglant avec talent entre des passages claustrophobes et plus ouverts, la boucherie malsaine mise pour beaucoup sur des phases d’infiltration. À la dure! The Evil Within 2 est une lente balade que l’on passe accroupi la moitié du temps, pour ne pas être vu ni entendu. Inutile d’espérer repérer les déplacements des rôdeurs sur une carte. Et encore moins de les voir en transparence derrière des murs. Ces mutants suivent heureusement des boucles de parcours prévisibles. Les observer permet donc de trouver l’instant T où se faufiler pour les poignarder dans le dos.Frappé d’illusions mentales, The Evil Within 2 souffre d’archaïsmes (une simple porte fermée stoppe l’adversaire) et d’une caméra gênant parfois la perception immédiate des alentours. Mais, à sa façon, il perpétue l’esprit de Resident Evil. Un joli fait d’armes en soi.

(1) En s’écoulant à 23,25 millions d’exemplaires, les quatre premiers épisodes de la franchise ont fini par déborder du cadre gaming sans jamais offrir d’adaptation convaincante au cinéma.

(2) Un des studios japonais les plus originaux et applaudis de ces dernières années (MadWorld, Bayonetta, Nier: Automata).

MICHI-HIRO TAMAÏ

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