La Forêt

La lecture des bandes dessinées de Claire Braud est toujours une expérience ébouriffante car l’autrice dessine comme elle pense. Si fil conducteur il y a, il n’apparaît généralement qu’une fois le livre refermé. Elle suit une idée qui en amène une autre et, de fil en aiguille, vous mène au terme de son histoire. Le procédé est le même pour La Forêt, une enquête buissonnière: l’investigation que mène Colombro, son avatar de papier, imper et cigarillo compris, conduit le lecteur de découvertes en rencontres et surtout le guide vers une expérimentation physique de la forêt via les odeurs, le son et la lumière. L’autrice y redécouvre d’ailleurs les joies du dessin pris sur le vif, assise sur un tronc pourrissant -des extraits de son carnet de dessins sont reproduits dans le livre. Mais d’où lui vient cette envie sylvestre? Lassée de la vie parisienne, Claire Braud part se ressourcer dans sa ville natale perdue entre l’Indre et la Loire. En se baladant dans les bois environnants, elle se pose les questions existentielles habituelles liées à la forêt: qui est-elle? d’où vient-elle? où va-t-elle? Pour y répondre, elle rencontre chasseurs, scientifiques, exploitants et gardes-chasse, tous acteurs de ce milieu particulier qui lui apportent des éléments de réponse. On y croise même des gitans. L’autrice n’y fait pas de jugements de valeur, elle constate seulement une grande déclaration d’amour commune à la forêt. Bien sûr, urgence climatique oblige, l’autrice nous rappelle l’importance de la préservation de ce milieu, à laquelle tous les acteurs précités ne répondent pas de la même manière. Aux lecteurs de faire la part des choses. Plongez dans cette enquête échevelée et retrouvez le plaisir animal qu’offre sa lecture!