La Fille du Diable

En 1910, Jessie McRae débarque à Édimbourg depuis son île. Elle se contente d’un cercueil comme embarcation et dissimule deux cornes dans ses cheveux. Avant de mourir empoisonné de sa main, son père l’a vendue comme ventre aux Udnam, un couple bourgeois (lui, homme au bras long dépourvu de conscience et elle, sa fiancée suffragette sous emprise) en mal d’enfant. La voici donc au 10, Luckenbooth Close pour assurer sa mission d’enfantement. Mais l’arrangement tourne à la tragédie sanglante et la demi-diablesse maudit l’immeuble et ses occupants actuels et futurs pendant un siècle. C’est avec ces locataires marqués par le sort que nous faisons connaissance au gré des chapitres, chaque étage dissimulant des êtres hors du commun à travers les décennies. Tous s’interrogent à leur manière sur les rouages néfastes du pouvoir et la puissance des amours à venir ou perdues. En 1939, Levi est un taxidermiste afro-américain témoin des premières tentatives de clonage et hanté par le drame qui s’est joué dans le bâtiment. Dans les années 50, Agnes traque les faux médiums non sans voir apparaître elle-même des messages liés à Jessie. Quant à William Burroughs, il squatte le sous-sol en 1963, corsant son thé de LSD. Puzzle de personnalités marginales attachantes, La Fille du Diable est un roman fantasque et sensuel qui redonne férocement le goût de l’émancipation souterraine. Après Les Buveurs de lumière, Jenni Fagan se fait ici encore sherpa idéale entre les mondes visible et invisible.

De Jenni Fagan, éditions Métailié, traduit de l’anglais (Écosse) par Céline Schwaller, 352 pages.

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