Collection phare de groupe Dupuis, Aire Libre fête ses 20 printemps. Son credo? La passion à l’état pur.

Fin des années 80, Dupuis n’est pas au mieux de sa forme. Si le journal Spirou tient encore la route, le catalogue, certes riche (Franquin, Peyo, Roba, Morris…), commence à prendre la poussière. Plus grave, Dupuis a mal à son image. Coincé dans ses albums « gros nez », l’éditeur de Marcinelle peine à reconquérir un public adulte. La chose est telle qu’en 1987 à Angoulême, Dupuis est prié d’installer ses stands dans l’espace jeunesse. Même Gaston a dû en perdre son flegme.

Pour reconquérir la place, Jean Van Hamme (le père de XIII et Thorgal) alors directeur des éditions Dupuis, décide de frapper fort en sortant une collection luxueuse qui va apporter du sang neuf. Son nom? Van Hamme imagine « air libre ». Un rien prétentieux puisque cela sous-entend qu’à la concurrence, l’air est irrespirable. Finalement, c’est Philippe Vandooren, ancien rédacteur en chef de Spirou et premier directeur éditorial des éditions Dupuis, qui remportera la mise en ajoutant un « e » à l’air pour qu' »aire libre » devienne un endroit où les auteurs n’ont que peu de contraintes.

En 1988, la saga peut donc commencer. A l’époque, Aire Libre joue clairement la différence. Alors que la mode et les tiroirs-caisses des éditeurs exigent des séries, la nouvelle collection va bâtir sa réputation sur les one-shoots, même si, paradoxalement, son premier titre, l’excellent Voyage en Italie de Cosey, se déroulera sur deux albums. Sur le principe de la tribune libre, la collection permet à des dessinateurs confirmés de sortir des sentiers battus et a des plus jeunes d’y entrer. Ainsi, elle a vu grandir des auteurs complets comme Emmanuel Lepage, Didier Conrad ou encore Jean-Pierre Gibrat. Plus surprenante, elle a accompagné la mutation d’un Tronchet que l’on croyait définitivement fixé chez Fluide glacial. Elle a donné des ailes à Lax et permis à Hermann de jeter sur le papier quelques fureurs, dont le rageur Sarajevo-Tango. Sans oublier les incontournables Servais, Hausman, Griffo, Baru Frank, Makyo, Stassen, David B… On en passe, et vraiment des meilleurs.

La concurrence

Même si la comparaison est parfois hasardeuse, tant il est difficile de comparer deux collections (les éditeurs on parfois du mal à y ranger leurs albums), on peut dire que par la richesse de ses titres et l’éclectisme de ses auteurs, la collection Long Courrier est le pendant d’Aire Libre chez Dargaud. Caractère tient le même rôle chez Glénat, alors que chez Delcourt, l’équivalence est moins facile à trouver. Elle se niche probablement entre les collections Mirages et Encrages.

A l’occasion du vingtième anniversaire, José-Louis Bocquet, l’actuel directeur de collection, a présenté son nouveau slogan: Aire Libre est  » le lieu où le roman se dessine« . Dans vingt ans, on pourra dire si la sentence, un brin prétentieuse, a tenu toutes ses promesses. En feuilletant son prestigieux passé, on parie sur une réponse positive.

http://airelibre.dupuis.com

V.G.

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