La Croisière jaune

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C’est un témoignage d’un autre temps qu’exhument les éditions Carlotta avec La Croisière jaune. Financée par André Citroën, la Mission Citroën Centre-Asie doit relier, en 1931, Beyrouth à Pékin en véhicules autochenilles. Le pionnier de l’industrie automobile n’en est pas à son coup d’essai: il y a eu précédemment une expédition vers Tombouctou, en 1923, suivie d’une autre, baptisée “la croisière noire”, entre Oran et Madagascar. Rien, toutefois, d’équivalent aux 30 000 kilomètres qui attendent une quarantaine d’hommes, parmi lesquels des savants et des médecins, mais aussi des artistes dont un cinéaste, André Sauvage, auteur de Études sur Paris, engagé pour filmer cette épopée à but scientifique et promotionnel. L’expédition est scindée en deux groupes: le premier, que filme Sauvage, parti de Beyrouth, le second, venu de Pékin, leurs routes devant converger à Kachgar, à mi-chemin, d’où ils repartiront ensemble jusqu’en Chine. Le voyage n’est avare ni en découvertes, ni en rencontres, ni en péripéties -la traversée de l’Himalaya, où il faut parfois démonter les véhicules pour franchir des torrents, est épique, sans même parler de conditions climatiques parfois dantesques-, ni en dangers (le second groupe sera longtemps retenu en otage à Ouroumtsi). Rien, pourtant, n’arrête la “croisière”, qui durera un peu plus d’un an -Marco Polo en avait mis douze pour accomplir un périple similaire. Les images qu’a rapportées Sauvage de cette aventure humaine sont admirables, traduisant en même temps que la beauté des Palmyre, Bâmiyân ou autre désert de Gobi et la vision du monde d’alors (commentaire d’époque à l’appui). Le cinéaste allait être dépossédé de son film; cette édition, rehaussée de son carnet de bord, rend justice à son talent.

D’André Sauvage. 1934. 1 h 38. Ed. Carlotta.

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