La Costumière

Dixième roman de Patrick McGrath, La Costumière débute à la mort de Charlie Grice, alors qu’il joue Malvolio dans la Nuit des Rois de Shakespeare. Nous sommes en 1947, lors d’un de ces hivers londoniens au froid terrible. Dans ce climat où des bandes fascistes sévissent toujours, Joan, veuve et costumière, s’éprend de la doublure de son mari, Frank Stone, persuadée que l’âme du défunt réside en lui. Après un temps de séduction latent, leur relation prend corps et l’ambition du comédien croît. Mais elle n’est pas au bout de ses peines. Alors que le couple de sa fille Vera (comédienne) bat de l’aile, elle apprend par Gustl (juive hébergée par son beau-fils Julius) que Gricey n’était pas l’homme bon qu’elle pensait connaître. Pire, il aurait été membre de la British Union of Fascists dirigée par Oswald Mosley. Entre triangle amoureux à ses dépens (Frank se rapprochant de Vera lors d’une pièce) et infiltration dans des réunions fascistes, Joan perd pied, hantée par la voix de Charlie Grice qu’elle entend surgir de sa garde-robe. Que faire quand on finit par abhorrer l’être jadis aimé? Pour donner un autre point de vue, McGrath, maître ès coups de théâtre et personnages fracturés, n’hésite pas cette fois à avoir recours au stratagème du choeur antique, constitué ici par des commères comédiennes. On n’aurait pas boudé notre plaisir si leur intervention avait été encore plus marquée -ainsi que le regard porté sur l’extrême droite britannique d’après-guerre- mais saluons La Costumière pour son lot de frissons.

De Patrick McGrath, éditions Actes Sud, traduit de l’anglais par Jocelyn Dupont, 336 pages.

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