Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Un nouveau collectif de photographes, basé à Bruxelles, vient de voir le jour. Six paires d’yeux voyagent entre la proximité et le lointain.

Collectif Caravane, atelier Contraste, 45-47, rue Général Capiaumont, à 1040 Bruxelles. Jusqu’au 25/05 (sur rv).

C’est beau un collectif qui naît. Surtout quand les photographes qui le composent arrivent à l’image anonymes et sur le tard. Chacun des six membres de Caravane s’est d’abord lancé dans une première carrière professionnelle. Avant de se raviser, répondant à l’appel pressant de l’écriture photographique. Le déclic? Un séjour à Arles au moment des fameuses Rencontres. Une question en ligne de mire: comment faire pour entrer en photographie alors qu’au début celle-ci n’était envisagée que comme un à-côté. La réponse se dessine patiemment: se mettre ensemble pour expérimenter une nouvelle solidarité artistique face à l’adversité du monde. Se rassembler ne se fait pas n’importe comment. Il faut des convergences et des divergences à faire valoir. Les membres du collectif ont en commun de penser que le proche peut-être lointain et vice versa. Le corollaire en est que les images se détachent avec force, qu’il s’agisse du tout près ou du très loin. Ils partagent également l’envie de témoigner du monde social – mention pour les images Men at Work de Hector Martin Moreno qui semblent sacrer l’absorption du travail par le vide. Une démarche en forme d’urgence à l’heure où l’économie se détricote. Côté différences, ces six regards déclinent des approches radicalement autres.

Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un regard sur la série que chacun d’entre eux a consacrée à Arles en été. On passe de l’immersion intimiste de la vie de camping à une tauromachie extrêmement stylisée.

revue des troupes

Alors que l’exposition de l’atelier Contraste porte sur les fonts baptismaux le projet du collectif, elle ne donne pas à voir Du C£ur à l’ouvrage, le travail commun sur lequel les six photographes se penchent pour le moment. En revanche, en exhibant les différentes séries sur Arles, l’expo permet de mesurer la variété des approches. Plus largement, le site du collectif offre une vue panoramique de ce patchwork visuel. D’Anne-Sophie Costenoble, on retient le noir et blanc sur le Mali qui évite les pièges du carnet de voyage stéréotypé. Les corps se donnent à coups de détails évocateurs mais jamais voyeurs. La série Solo d’Hector Martin Moreno décline des personnages isolés dans les transports en commun. L’homme moderne y apparaît triste et sur la défensive, arc-bouté sur ses tristes tropiques. Anne Ransquin suit le street art au Chili et au Mexique. Laure Geerts, quant à elle, livre une image déroutante d’Istanbul en suivant le parcours de créatures transgenres. Les Petites Marchandes de Marie Ozanne se découvrent comme des diptyques narratifs du commerce réduit à sa plus petite échelle. Enfin, Stéphanie Pety de Thozée pose un regard sincère et touchant sur la belgitude.

www.collectif-caravane.com

Michel Verlinden

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