Klingsor

Dans le fin fond de la Suède, Klingsor l’ancien a fermenté une boisson dont il s’enivre goulûment. Mais un jour, abandonnant son verre sur une souche, il se repent de cette vie. Malgré les années, le récipient reste en place. Il est déniché par un membre de sa descendance, qui, à sa vue, a une révélation d’ordre esthétique. Le verre s’est redressé, la matière n’est pas morte! Voilà cet artiste en devenir, apprenti par correspondance, qui se pique désormais de représenter le monde, cruche par cruche et pot par pot, et se cherche une signature. Tout dernier roman de l’auteur du tortueux Le Chemin du serpent, voilà un texte qu’on n’attendait pas avec cette tonalité-là et qui a pourtant de quoi nous réjouir. Sous couvert d’une biographie qui réhabiliterait une oeuvre majeure mais méconnue, Klingsor tord l’esprit de sérieux, fait dégringoler un être sans véritable visée du haut de son piédestal surévalué et expose sa trivialité maquillée en discours pompeux aux yeux de tous. Reste au lecteur à se gausser à l’envi (façon Roy Andersson) et à enchaîner sur Trois jours dans la vie de Paul Cézanne de Mika Biermann (éditions Anacharsis), si son quota d’absurde tendre et féroce n’a pas encore été atteint.

De Torgny Lindgren, éditions Actes Sud, traduit du suédois par Esther Sermage, 208 pages.

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