Bons contes et bons amis – Dominique Monféry et Rébecca Dautremer donnent vie aux personnages de contes, pour nous plonger dans un monde parallèle à la faveur d’un film d’animation enchanteur.

Film d’animation de Dominique Monféry, création graphique de Rébecca Dautremer. 1 h 20. Sortie: 16/12.

Voyage au pays des contes, Kérity en épouse avec bonheur les contours, entraînant le spectateur dans une aventure ensorcelante en paysage enfantin. Il était donc une fois Natanaël, un garçonnet de bientôt 7 ans, et un complexe envahissant, du fait de ne toujours pas savoir lire. C’est dire si, le jour où sa tante Eléonore lui laissa pour tout héritage sa bibliothèque aux rayonnages garnis d’innombrables volumes, le gamin eut grand peine à masquer sa déception. Au point d’ailleurs de ne pas opposer la moindre objection lorsque ses parents décrétèrent la vente de la précieuse collection afin de pouvoir conserver la maison de l’aïeule.

Au moment où Natanaël s’apprêtait à ne choisir qu’un unique volume en souvenir de la défunte, quelle ne fut pas sa surprise, toutefois, de voir des petits personnages sortir par dizaines des pages des livres. La bibliothèque avait ceci de particulier, en effet, de ne receler que des premières éditions enchantées de recueils inestimables, les contes classiques dont la pérennité serait menacée par la dispersion de la collection. Et les Alice, Petit Chaperon Rouge, Ogre, Pinocchio, et beaucoup d’autres encore, de s’en remettre à Natanaël, seul à même de les protéger d’un funeste destin, à condition, toutefois, de savoir lire la formule magique de circonstance – « Ce n’est pas parce que c’est inventé que ça n’existe pas ». En conséquence de quoi le jeune garçon allait se voir projeté dans de trépidantes aventures…

Irriguer notre rapport au monde

L’univers des contes est pratiquement inépuisable – ce ne sont pas les amateurs de Shrek qui nous démentiront. Celui de cinéma que nous propose Dominique Monféry ( Franklin et le trésor du lac), sur un scénario d’Anik Le Ray, est particulièrement stimulant, Kérity nous rappelant avec bonheur combien ces récits ont pu irriguer notre imaginaire et, partant, notre rapport au monde. Un postulat séduisant, qui trouve ici une expression on ne peut mieux adaptée. A la magie de l’histoire s’ajoute en effet celle d’un graphisme conciliant joliment classicisme et modernité, réalisme et fantaisie. Epousant judicieusement le propos, l’univers visuel de Rébecca Dautremer réinvente subtilement l’histoire sous nos yeux, donnant à chaque personnage une identité référencée mais toute contemporaine, en prise sur une multitude de possibles. Non sans réserver au spectateur quelques morceaux de bravoure.

Un véritable travail d’orfèvre, pour une £uvre dont le charme ne semble pas devoir se dissiper, longtemps encore après ses ultimes péripéties. Au final, c’est à un merveilleux voyage que nous convie ce film d’animation classique, plongée dans un univers parallèle proprement enchanteur, pour affirmer bien haut le triomphe de l’imaginaire (en sus de s’ériger en vibrant plaidoyer pour la lecture). Eblouissement garanti – à partir de 4 ans et sans la moindre restriction d’âge.

www.kerity-lefilm.com

Jean-François Pluijgers

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