Garçon d’usine à l’imprimerie, garçon de salle dans un troquet, la vingtaine ébouriffée, Sitam, jeune homme épris de jazz et de littérature, aspire à écrire son roman. Mais une saloperie de guerre explose en terrasse. Le vagabond crapahute alors avec la môme Capu, celle qui le tient par le bout du coeur. Ils se carapateront vers « la grisâtre »: la banlieue originelle, début d’un périple qui ricochera vers le Nord. « Tu dis le Nord, le Nord, mais enfin ça fait une sacrée région tout de même! Raconte… Où ça alors? » Disons la Hollande, parce que « la Belgique c’est bien gentil » mais ça kamikaze comme dans les grandes villes, toutes devenues terrifiantes. Une épopée où l’on croise Archibald, clochard farfelu, baroudeur de l’exagération, la mère Flouchat, l’éternité dans le bec verseur, ses liasses planquées à la cave, Lariol, qui a plongé dans la littérature. Puis il y a les croque-poussière: combinards, bagarreurs, dos cassés, traîne-misère, ceux qu’ont la gueule au goudron. Dans ce premier texte musical, Hector Mathis, 25 ans, jette toutes ses forces dans la bataille: niveaux de langage, strates de vocabulaire, charades à tiroirs, mimiques et musique, « grammaire fabuleuse et retentissante du désenchantement ». Mon tout se livre dans une langue gouleyante toute au service du jazz. « Et on a -regardé l’eau jusqu’à la fatigue… »

D’Hector Mathis, ÉDITIONS Buchet/Chastel, 208 pages.

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