Juste un mouvement

© National

On connaît la formule de Godard: “Il faut confronter les idées vagues avec des images claires”. Dans Juste un mouvement, le Bruxellois Vincent Meessen s’intéresse à la figure complexe et controversée qu’incarnait Omar Blondin Diop, militant et intellectuel sénégalais mort dans des conditions assez obscures dans sa cellule de la prison de l’île de Gorée au printemps 1973. Pour ce faire, il s’autorise une variation libre, riche en mises en abyme, sur La Chinoise de Jean-Luc Godard, film de 1967 qui préfigure Mai 68 et dans lequel Blondin Diop joue en quelque sorte son propre rôle, celui d’un étudiant maoïste. Présenté à la Berlinale 2021, Juste un mouvement multiplie les angles d’approche et les témoignages pour mieux réussir son portrait en creux, entre devoir de mémoire et quête de vérité aux résonances actuelles. Omar Blondin Diop était de ceux qui pensaient qu’il ne pouvait y avoir de fidélité à soi que dans le mouvement: de Godard, Vincent Meessen reprend ainsi également l’idée d’un film “en train de se faire”. Et donc, littéralement, en mouvement. Ce mouvement, il est partout dans ce documentaire exigeant sur le fond, stimulant sur la forme: mouvement des idées, mouvement des échanges entre deux films ou entre deux pays, mouvement d’un train qui fend le paysage, mouvement de figures d’arts martiaux, mouvement d’une identité sénégalaise jamais figée, mouvement des vagues qui clôturent le film… “Quelle que soit la longueur de la nuit, le soleil finit toujours par se lever.” À découvrir sur Avila, plateforme belge pour le cinéma d’auteur.

De Vincent Meessen. 1 h 50. Disponible sur Avila (avilafilm.be).

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