Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

LE GROUPE DE JOSÉ GONZÁLEZ REVIENT AVEC UN REMARQUABLE DEUXIÈME ALBUM ET UNE PREMIÈRE PARTIE DE LOW AU CIRQUE ROYAL. ÉPATANT.

LE 08.05 / LE CIRQUE ROYAL

Depuis sa reprise toute personnelle du Heartbeats de The Knife, utilisée dans une publicité pour les téléviseurs Sony Bravia, tout le monde connaît de près ou de loin la douce voix de José González. José est le fils de deux Argentins qui ont fui leur pays en 1976 pour s’installer en Suède. « Ils étaient encore étudiants, raconte-t-il. Mon père était proche d’un parti politique. Certains de leurs amis se sont fait torturer. Ils sont partis au moment où il le fallait. »

José est donc né en Scandinavie. Et en bon Scandinave, avant de se lancer discrètement en 2003 dans une carrière solo de singer songwriter, il a débuté avec un groupe de punk hardcore influencé par Black Flag, The Misfits et les Dead Kennedys (« Le chanteur de mon premier projet était fan du transgressif GG Allin« ).

C’est dans ce terreau pour le moins musclé qu’a germé le projet Junip au parcours aussi surprenant que celui de son plus célèbre artisan. Le trio a existé pendant douze ans sans sortir d’album. « C’était mieux que de ne pas exister du tout. On n’a jamais été ce genre de groupe qui se voyait tous les mercredis et samedis pour répéter. » A l’époque, José étudie la biochimie. Son batteur, Elias, se consacre à l’art en Finlande et en Norvège. Avec Tobias (claviers), ils se retrouvent une fois ou deux l’an. Enregistrent un album tout entier qu’ils préfèrent reléguer aux oubliettes. Un deuxième dont ils ne conservent que cinq chansons pour un EP (Black Refuge, 2006). Et enfin publient le sympathique mais anecdotique Fields en 2010.

Son successeur s’appelle Junip et si González et ses potes ne se sont pas foulés pour lui trouver un titre, le résultat est plutôt du genre épatant. Pop, diversifié, obsédant et entêtant.

José dit écouter de la musique sud-américaine et africaine, The Band, Neil Young, Leonard Cohen. Revendique l’influence de Marvin Gaye, de Love… Sa biographie classe Junip entre un groupe de jazz allemand et un autre de pop africaine. « L’idée était d’évoquer la variété des inspirations et comment elles se confrontent ensuite à la réalité. Nous proposons de la musique à la fois dansante et un peu rigide. C’est définitivement plus blanc et scandinave qu’africain. Mais c’est un moyen d’évoquer notre éclectisme. On ne s’est pas focalisé sur un style particulier. On a plus rassemblé des idées de sons. Peu importe si elles partaient dans toutes les directions tant que les chansons tenaient debout. » Et qu’au milieu des ambiances kraut folk pop quelques morceaux puissent fonctionner dans un club. Comme ce Your Life, Your Call très Hot Chipien.

A nouveau enregistré dans son studio de répétition -deux pièces et une cuisine que le groupe loue dans le centre de Göteborg- avec Don Alstherberg (The Soundtrack Of Our Lives, The International Noise Conspiracy), Junip parle de la vie qui change sur terre. De l’avant et de l’après. De ce qui arrive aux gens à différents moments de leur vie et qui les transforme à jamais.

« J’ai du mal à écrire des titre joyeux, des chansons libérées de toute onde négative. Suddenly est une tentative. Même si elle va de pair avec l’idée que quand on aime quelque chose, on ne sait pas faire sans. » Ce qui colle bien finalement à ce deuxième album immédiat et addictif.

JUNIP, CHEZ CITY SLANG. (****)

JULIEN BROQUET

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