JPEGMafia /Danny Brown

© National

Scaring the Hoes vol. 1 ***1/2

À ma droite, JPEGMafia, rappeur- producteur originaire de Baltimore, à la musique iconoclaste et à l’énergie punk noisy débordante. À ma gauche, Danny Brown, 42 ans, cinq albums dont le titre du premier, The Hybrid, sonnait déjà comme un manifeste en soi: celui d’un rappeur, issu de Detroit, qui revendique autant l’influence de J Dilla que de Radiohead. Celui aussi d’un personnage un peu dingo, à la voix de canard, et à l’humour volontiers tordu. Quatre ans après le succès (critique) de U Know What I’m Sayin?, et juste avant de sortir un nouveau solo (Quaranta, prévu cette année), il sort donc un album collaboratif avec le premier cité. Ce n’est pas la première fois que ces deux-là se croisent, loin de là. Mais avec Scaring the Hoes, les deux francs- tireurs se lancent dans un projet commun au long cours, à la Run the Jewels. C’est d’ailleurs le titre –Run the Jewels- d’un des morceaux de l’album: à peine plus d’une minute où viennent se fracasser la trompette bouchée et le riff du Going Back to Cali de LL Cool J et un sample de Cybotron, l’un des projets techno de Juan Atkins. Plus loin, God Loves You s’ouvre par un chœur gospel rapidement embarqué sur un beat saturé, dans lequel le flow nasillard de Danny Brown semble lui-même avoir du mal à surnager. C’est beaucoup d’informations à traiter, pas mal de virages à négocier, en souvent très peu de temps (la grande majorité des titres ne dépasse pas les 3 minutes). Mais aussi cabossé que soit l’itinéraire proposé par les deux doux-dingues, il n’empêche pas le chaos de Scaring the Hoes de s’avérer hautement jouissif.

Distribué par Awal.

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