Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Californien francophile, fils caché de Jonathan Richman et de Tom Verlaine, Jeremy Jay débarque en Belgique pour deux concerts. Lunettes noires pour deux nuits blanches.

Né à San Diego de père américain et de mère suisse, Jeremy Jay aurait du mal à cacher son amour inconditionnel pour Françoise Hardy. Même s’il a beaucoup écouté Piaf et Aznavour (merci maman), c’est le premier nom qui lui vient à la bouche quand il évoque sa passion pour la France et sa culture. Puis, surtout, le grand blond dégingandé, épais comme un fil de fer, se coiffe à la manière de Madame Jacques Dutronc dans les années 60.

« J’aime tout chez elle. Sa musique. Ses paroles. Ses peintures. Sa plastique. Son feeling », énumère l’esthète affalé dans un fauteuil. Il a beau se dire crevé quelques minutes avant la… première date de sa tournée européenne qui l’emmènera au festival Comme à la maison (Bruxelles) le 3 octobre et à L’Escalier (Liège) le lendemain, on a l’impression qu’il pourrait s’étendre des heures.

Jeremy Jay est la nouvelle trouvaille de K Records. Le label de Kimya Dawson, Make Up, Bikini Kill. Celui qui a découvert Beck. Celui dont Kurt Cobain avait un tatouage sur l’avant-bras pour lui rappeler de rester à jamais un enfant.

Elevé à Los Angeles, au pied des collines hollywoodiennes – « là où tu trouves tout ce que tu cherches » – , le jeune homme est un collectionneur de disques et un amoureux du 7e art. Il adore Ritchie Valens dont il a par exemple débusqué en cassette le seul live jamais enregistré. « Ritchie Valens in concert at Pacoima Jr. High, chez Del-Fi Records. » A commencé la musique ado dans un groupe, Blue, rappelant Sonic Youth et Sebadoh. « Horrible. » Et a bossé comme menuisier/charpentier sur quelques plateaux de tournage. « Oublie. »

Romantisme glacé

Si Jeremy Jay a eu sa période Dinosaur Jr, Nirvana, Riot Grrrl, il semble surtout aujourd’hui profondément influencé par la pop à synthé, l’innocence des années 50 et, certains diront forcément, par le cinéma. « Je suis fan de mecs comme Godard. J’ai regardéLe Mépris récemment mais mon préféré reste Vivre sa vie . Ce que j’aime chez les réalisateurs français, c’est qu’ils ont le don de raconter l’existence comme tout le monde la connaît. Puis, ils laissent le temps aux personnages d’entrer et sortir du champ. »

L’échalas a conçu son premier EP, Dreamland, comme la bande originale d’un court métrage du même nom dans lequel, d’ailleurs, il joue. En mai 2007, St. Ives l’a tiré à 300 exemplaires. Confidentiel et artisanal. Fait à la main. La suite de ses aventures (l’EP Airwalker et l’album A Place where we could go) rythme l’histoire de K Records dont il rencontre le boss, Calvin Johnson, par hasard à Portland.

Avec Slow Dance, sa deuxième plaque au romantisme glacé, urbaine, minimaliste, squelettique, Jeremy sonne comme le digne rejeton de Jonathan Richman (Modern Lovers) et de Tom Verlaine (Television). Il dit puiser dans les films pour ados de John Hughes ( La Folle Journée de Ferris Bueller, Maman j’ai raté l’avion… ) l’inspiration de ses chansons qui parlent d’amour et de chocolat. To be continued…

Slow Dance, chez K Records.

à La Maison des Musiques (Bruxelles) le 3/10 et à l’Escalier (Liège) le 4/10.

Julien Broquet

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