C’est le label bruxellois Crammed Discs qui a produit le premier album de Staff Benda Bilili. Petit entretien avec son patron Marc Hollander.

Comment avez-vous découvert le groupe qui, paraît-il, a répété pendant des années dans l’indifférence devant le Centre Wallonie Bruxelles à Kinshasa?

Grâce à notre homme au Congo. Notre producteur maison, Vincent Kenis. Celui qui se cachait déjà derrière les disques de Konono et Kasai Allstars. Séduit par la musique, la personnalité du groupe, il s’est mis à travailler avec le Staff. Mais à Kinshasa, tout est toujours long, compliqué. Certains membres du groupe possèdent une maison. Mais à 2 ou 3 heures du centre ville où ils travaillent. D’où le fait qu’ils dorment souvent la semaine dans la rue. Vincent voyage avec son studio mobile qu’il installe et débranche tous les jours. C’est laborieux et en même temps la seule façon de procéder.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce groupe?

La même chose que tout le monde je suppose. Ce côté prenant, bluesy, déchirant. J’ai du mal à l’expliquer mais la musique du Staff est triste et en même temps, elle fait du bien. Evidemment, l’histoire de Ricky et de ses potes joue un rôle dans l’attraction qu’ils exercent. Je me suis d’ailleurs interrogé avant de les signer. J’avais peur quelque part que le spectacle mène à une certaine forme de voyeurisme. Mais ils sont tellement bluffants que nous ne sommes pas du tout tombés dans ce registre-là.

Le Womex, principale manifestation internationale consacrée aux musiques du monde, a sacré Staff Benda Bilili artiste de l’année et l’Angleterre s’emballe. Etonné par cette reconnaissance étrangère?

Moyennement. Konono et Kasai Allstars ont mieux marché en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis qu’en Europe occidentale. Les artistes électro et les groupes de rock indie comme Akron/Family ou Animal collective leur vouent un véritable culte. Nous possédons une histoire dans la production de musique congolaise.

Un film sur le Staff devrait voir le jour en 2010. Vous pouvez nous en dire plus?

Quand Vincent a rencontré le groupe, il bossait déjà avec deux vidéastes français: Renaud Barret et Florent de La Tullaye. Ils ont réalisé un documentaire sur quelques groupes de Kinshasa parmi lesquels Staff Benda Bilili mais ils vont maintenant lui consacrer un long métrage dont ils essaient actuellement de boucler le budget. Ils ont suivi et filmé le Staff pendant 5 ans.

J.B.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content