Jazzy Bazz

« Memoria »

Dans le dernier numéro de son émission Le Code, Mehdi Maïzi avançait l’idée selon laquelle la pandémie, en obligeant les clubs à fermer leurs portes, avait éventuellement contribué à remettre un certain type de rap en avant. En l’occurrence, une musique moins orientée vers les gimmick festifs qu’attirée à nouveau par les acrobaties verbales et la technique. En face de lui, ce n’est pas son invité du jour, Jazzy Bazz, qui allait le contredire. Faut-il le rappeler? Au début de la décennie 2010, Ivan Bruno-Arbiser de son vrai nom a précisément fait ses gammes lors de battles épiques (les rap contenders), avant de rejoindre le collectif L’Entourage, dans lequel on retrouvera entre autres Nekfeu, Alpha Wann ou encore Deen Burbigo. Les deux premiers cités sont d’ailleurs présents sur son nouveau Memoria. Comme ils l’étaient déjà sur son album précédent, Nuit (2018). La différence? Là où Jazzy Bazz laissait de la place à des morceaux plus chantés ( Minuit, Stalker), il se recentre aujourd’hui sur son art et sa capacité à décocher la formule qui fait mouche. Pas question pour autant de virer passéiste ou réac -un morceau comme Sablier continue même de chercher la mélodie. Mais, entre ultra spleen urbain ( P-Town Blues) et ego trip bien senti ( Panorama, avec Alpha Wann), le Parisien retrouve une nouvelle densité. Loin du néo-boom bap des débuts, ce troisième album enchaîne les productions modernes, soignées et audacieuses, du post-G-funk de Zone 19 à l’étonnant solo de saxophone lounge de .RAW Spleen, avec Laylow. Un sans-faute.

Distribué par 3.14 Production.

8

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