Jack Arnold, géant de la peur

COFFRET Tarantula / L’Homme qui rétrécit. 1955 et 1957. Dist: Elephant Films.

7

Petit maître de la série B fifties, Jack Arnold a fait ses classes chez le documentariste Robert Flaherty (Nanouk l’Esquimau). En résulte une volonté marquée de fabriquer du fantastique de la manière la plus réaliste possible, et en privilégiant les décors naturels. C’était vrai dans son séminal Creature from the Black Lagoon en 1954, ce le sera à nouveau l’année suivante avec Tarantula, film de monstre au point de départ typique de ce genre de production: une expérience scientifique qui tourne mal. Scream queen, insecte gigantesque et déformations corporelles… La suite donne bien du plaisir, et l’amateur de SF vintage en a résolument pour son argent. Deux ans plus tard, L’Homme qui rétrécit approfondit la question de notre rapport au monde dans un nouveau dérèglement d’échelle doublé d’un exercice de style davantage expérimental. Après avoir traversé, en mer, un brouillard radioactif qui entraîne un réarrangement de la structure moléculaire de ses cellules, un type ordinaire y connaît une inéluctable régression physique. Déployant des trésors d’inventivité fauchée, Arnold a l’intelligence de traiter son récit fantastique à la manière d’une tragédie, enchaînant les longues séquences muettes dont l’approche graphique prête aux plus triviaux objets du quotidien une étonnante aura d’étrangeté. Réduit à une condition proprement lilliputienne, son héros affronte une série d’épreuves à la cruauté éprouvée (un chat domestique, un piège à souris, une tarentule -la même que dans le film précité…) afin d’assurer sa survie. Jusqu’à ce final, sublime, culminant dans un pur moment de poésie panthéiste. Une araignée géante, un homme minuscule: deux grands petits films.

N.C.

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